Un regard sur un danger moderne qui affecte notre bien-être quotidien
Dans les villes d’Abidjan, de Libreville, de Kinshasa ou de Dakar, il n’est pas rare de voir des visages éclairés par la lumière bleue d’un smartphone alors que la nuit est tombée. Dans les chambres, les salons, les taxis ou les cybercafés, l’écran reste allumé, même dans l’obscurité totale. Ce geste devenu banal cache pourtant une menace invisible pour notre santé.
L’ennemi silencieux : la lumière bleue

Invisible à l’œil nu, la lumière bleue émise par les écrans – téléphones, tablettes, téléviseurs et ordinateurs – agit sur notre cerveau comme un puissant stimulant. Plusieurs études scientifiques l’ont prouvé : cette lumière interfère directement avec la production de mélatonine, l’hormone du sommeil. Résultat : difficultés d’endormissement, sommeil fragmenté, et fatigue chronique au réveil.
Dans un monde où le numérique est roi, cette menace passe inaperçue. Pourtant, s’exposer à un écran lumineux pendant plus de deux heures en soirée peut suffire à bouleverser le cycle naturel du sommeil. Et comme le rappelle un chercheur ouest-africain, « la lumière bleue est au cerveau ce que la caféine est au cœur : un excitant malvenu avant le coucher ».
Quand nos yeux crient fatigue

En Afrique comme ailleurs, les jeunes sont les plus touchés. L’usage précoce et intensif des écrans dans le noir contribue à l’augmentation de la myopie chez les enfants et adolescents. Une enquête récente a montré une hausse de 42 % des cas de myopie chez les enfants de 3 à 5 ans après la pandémie, période où le confinement a multiplié l’usage domestique des écrans.
La fatigue visuelle, les maux de tête, les yeux secs ou brûlants deviennent alors des compagnons quotidiens. Les spécialistes alertent : regarder un écran dans l’obscurité pousse l’œil à s’adapter en permanence à des contrastes extrêmes entre la lumière de l’écran et l’environnement sombre – un effort constant, nuisible à long terme.
Une horloge biologique déréglée
Au-delà de la vision et du sommeil, c’est notre horloge interne, ou rythme circadien, qui est dérangé. Ce rythme naturel, dicté par l’alternance du jour et de la nuit, régule notre humeur, notre appétit, notre température corporelle et notre vigilance. La lumière bleue la nuit agit comme un faux signal, forçant le corps à rester en « mode jour », alors qu’il devrait se préparer au repos.
Quelles solutions pour protéger notre santé ?
Face à ces dangers, la prévention est essentielle. Voici quelques gestes simples que chacun peut adopter :
Activer le mode nuit ou sombre sur tous les appareils, pour réduire l’impact de la lumière bleue.
- Éteindre les écrans au moins une heure avant de dormir, pour permettre au corps de produire naturellement la mélatonine.
- Installer des filtres de lumière bleue ou utiliser des lunettes anti-lumière bleue, surtout pour les personnes qui travaillent tard.
- Préférer des activités douces en soirée : lecture papier, méditation, discussions familiales, ou musique douce.
Un enjeu de santé publique à l’ère numérique

L’Afrique, continent jeune et connecté, ne doit pas ignorer ce risque. Si les écrans sont des outils de savoir, de travail et de lien social, ils peuvent aussi devenir des menaces pour notre santé si mal utilisés. Les gouvernements, les écoles et les familles doivent engager un dialogue ouvert et informé sur les usages numériques, en insistant sur les bons réflexes.
Comme l’enseigne un proverbe bantou : « Ce n’est pas le feu qui brûle, mais l’usage qu’on en fait. » Il en va de même pour la lumière bleue.


