Réduction de l’aide américaine et santé au Cameroun

Contexte de l’aide américaine au Cameroun

Depuis plusieurs années, l’aide américaine a été essentielle au financement des programmes de santé au Cameroun. Elle a en particulier soutenu la lutte contre le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme. En 2023, le secteur de la santé a reçu un financement de 72 milliards de FCFA, ce qui a permis d’importants progrès dans la prise en charge des maladies infectieuses. Cependant, en 2025, une décision inattendue a conduit à l’annulation de 74 % des projets d’aide, entraînant une réduction budgétaire de 51,13 millions de dollars sur une enveloppe initiale de 82 millions de dollars.

Cette situation découle de coupes budgétaires fédérales aux États-Unis et de réorganisations au sein des agences américaines, comme le précisent des rapports de l’USAID et du Congressional Research Service (CRS). Annoncée le 21 janvier 2025, la suspension de ces financements a provoqué un choc au sein du secteur de la santé camerounais, largement tributaire de cet aide pour maintenir ses programmes essentiels.

Le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, a réagi rapidement en lançant, le 4 février 2025, une circulaire demandant des mesures urgentes pour préserver les services liés au VIH, à la tuberculose et au paludisme. Cette situation met en exergue la fragilité du système de santé camerounais, maintenant menacé par la perte de soutien financier extérieur.

Conséquences sur la lutte contre le VIH/SIDA

Au Cameroun, la lutte contre le VIH/SIDA a enregistré des avancées significatives. Entre 2018 et 2024, les nouvelles infections ont diminué de 26 % et les décès liés au sida ont chuté de 16 % par rapport à 2022. En 2024, environ 2 millions de personnes étaient porteuses du VIH, dont plus de 499 000 recevait un traitement antirétrovial. Cependant, la suspension de l’aide américaine met ces progrès en péril.

Lors de la réunion du 23 avril 2025, le Dr Manaouda a souligné la nécessité de revenir à une pleine mobilisation et une coordination face à cette crise. La perte de financements risque d’interrompre les traitements pour de nombreux patients, détériorant ainsi la situation épidémiologique. En outre, les efforts de prévention, tels que les campagnes de sensibilisation et de dépistage, pourraient être réduits, favorisant ainsi la reprise des nouvelles infections.

Les conséquences de cette réduction ne se limitent pas aux statistiques. Elles touchent les vies de millions de Camerounais qui dépendent de ces programmes pour leur survie. La lutte contre le VIH/SIDA est intégrée dans la Vision 2035 du Cameroun, visant un accès universel à la santé. La fin de l’aide américaine pourrait compromettre cet objectif ambitieux.

Réponses et stratégies de mitigation

Pour faire face à cette crise, le gouvernement camerounais a instauré un plan de mitigation visant à assurer la continuité des services de santé. Ce plan implique la mobilisation de ressources nationales et la recherche de nouveaux partenariats avec des ONG et des acteurs privés. Cependant, la mise en œuvre de ces stratégies nécessite une coordination efficace et un engagement politique fort.

Le ministre de la Santé a aussi exhorté toutes les parties prenantes, y compris les communautés locales, à participer activement pour garantir le droit à la santé pour tous. Une telle approche collaborative est cruciale pour surmonter les défis engendrés par la réduction des financements. Toutefois, il est impératif de reconnaître que la durabilité des avancées dans la lutte contre le VIH dépendra de la capacité du Cameroun à mobiliser des ressources suffisantes tout en maintenant l’engagement des acteurs impliqués.

Les experts s’accordent sur un point : la situation actuelle peut servir de leçon pour l’avenir. Une dépendance excessive aux financements étrangers fragilise le système de santé. Il est donc essentiel que le Cameroun développe des mécanismes de financement durables et renforce ses capacités locales pour faire face à de futures crises.

Réflexions finales

La réduction de l’aide américaine au Cameroun représente un tournant critique pour le secteur de la santé, particulièrement dans la lutte contre le VIH/SIDA. Alors que le pays cherche à réaliser ses objectifs de santé publique, il se confronte à des défis sans précédent pouvant compromettre des années de progrès. La nécessité d’une mobilisation collective et d’une stratégie de financement durable n’a jamais été aussi pressante.

Les questions soulevées sont multiples : comment le Cameroun peut-il renforcer son système de santé face à une telle adversité ? Quelles leçons tirer de cette situation pour limiter la dépendance future aux financements étrangers ? La manière dont ces interrogations seront abordées déterminera non seulement l’avenir de la lutte contre le VIH/SIDA, mais aussi la santé publique au Cameroun dans son ensemble.