Par notre envoyé très spécial à Okala, Libreville
Ça y est nous y sommes à ce fameux 12 Avril 2025. Okala s’éveille doucement, comme un café instantané qui hésite entre le bouillant et le tiède. Le coq du quartier, qui pensait faire sa grasse matinée, s’est subitement rappelé qu’aujourd’hui, c’est historique. Oui, « le 12 c’est le 12 », et cette fois, ce n’est pas juste une date, c’est un slogan national, une prophétie en K-Way, une date tatouée sur la rétine des Gabonais depuis des mois.
Dans le 1er arrondissement de Libreville – ou plutôt dans cette zone tampon floue qu’on appelle « Okala », que Libreville et Akanda se disputent comme deux tontons en terrain vague – le calme est aussi palpable que les moustiques au coucher du soleil. Un calme presque suspect, dirait un vieux sceptique accro aux drames électoraux d’antan.

Mais non. Il n’y a pas eu de ruée sur les boutiques pour acheter 15 kg de sardines et 3 tonnes de riz. Les Gabonais, cette fois-ci, n’ont pas eu besoin de faire leurs réserves comme s’ils allaient entrer dans une grotte. C’est dire si les choses ont changé : la panique est en congé, la sérénité en chef de poste. À croire que même les antennes paraboliques se sont mises sur la même fréquence de la paix.
Ils sont près de 900 000 à être attendus aux urnes. Non, pas pour un concert, ni un match de l’équipe nationale, mais bien pour élire le tout premier Président de la Cinquième République. L’expression donne des frissons : « Cinquième République ». On se croirait dans un film de super-héros, sauf que cette fois, le costume de héros est taillé sur mesure pour un Gabonais à élire aujourd’hui.

On le dit souvent : “l’organisation est la moitié du succès”. Eh bien, pour une fois, l’autre moitié n’est pas partie en exil. Cette élection post-transition, annoncée comme la plus propre depuis l’invention de la brosse à dents, semble tenir ses promesses. Aucun soupçon de bourrage, pas même de riz pré-payé, ni de tee-shirts jetés à la figure. L’ambiance est studieuse. Les électeurs sont prêts à faire le job. Oui, les Gabonais sont prêts.
Aujourd’hui, le Gabon ne choisit pas seulement un président, il choisit une nouvelle page, une ère post-chauffage au bois politique, un virage sans drift. Et dans ce coin d’Okala – la Suisse librevillo-akandaise – on entend presque le bruit du changement qui s’approche, à pas feutrés, avec son stylo Bic pour cocher la bonne case.
On reviendra, bien sûr. Car une journée électorale, c’est comme un bon plat gabonais : ça mijote longtemps, ça sent fort, et la fin est toujours la partie la plus croustillante.
Bon vote à tous. Et que le meilleur gagne, sans tricher cette fois.
Votre serviteur de la satire, en direct du cœur palpitant de la République du « calme avant le bulletin ». https://www.bbc.com/afrique/articles/c0kx34x8pnlo.amp