Entre diplomatie et stratégie politique
N’Djamena, Tchad – Samedi 15 mars, la cheffe du Rassemblement National (RN, extrême droite), Marine Le Pen, a été accueillie en audience par le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno au palais d’Amdjarass. Une rencontre qui s’inscrit dans un contexte où les relations franco-africaines connaissent des turbulences, et où la dirigeante française tente de redéfinir l’image de son parti sur le continent.
Un rendez-vous aux accents stratégiques

Huit ans après son entretien avec l’ancien président Idriss Déby Itno, Marine Le Pen renoue avec le Tchad sous la présidence de son fils et successeur. Officiellement, cette visite vise à réaffirmer les « liens d’amitié et de coopération » entre les deux nations. Selon la communication de la présidence tchadienne, l’ancienne candidate à l’élection présidentielle française a insisté sur une relation fondée sur « la souveraineté et l’égalité entre les nations ».
Sur ses réseaux sociaux, Marine Le Pen a appuyé ce message : « Nous avons des intérêts communs et une amitié historique qui nous unissent. Nous devrons renforcer ces liens, dans le respect mutuel de nos souverainetés. » Une déclaration qui fait écho aux récents repositionnements diplomatiques en Afrique, où plusieurs États cherchent à diversifier leurs alliances.
Une visite qui interroge

Cette visite intervient alors que le Tchad, considéré comme un allié clé de la France dans la bande sahélo-saharienne, maintient des relations complexes avec Paris. Si le pays n’a pas suivi la vague d’expulsions des forces françaises comme le Mali, le Burkina Faso ou encore le Niger, il reste néanmoins dans une posture d’affirmation de sa souveraineté, en témoigne l’organisation prochaine de l’élection présidentielle de mai 2024.
Pour Marine Le Pen, ce déplacement a aussi une portée politique interne. La dirigeante du RN cherche à renforcer sa stature internationale, notamment en Afrique francophone, région où son parti a longtemps été perçu comme hostile. En adoptant un discours axé sur le respect mutuel et la fin des ingérences, elle tente de séduire une partie des élites africaines tout en consolidant sa crédibilité en France, à l’approche de futures échéances électorales.
Un test pour le Tchad et la France

Reste à savoir si cette rencontre ouvrira la voie à un repositionnement des relations entre le Tchad et la France, dans un contexte où Paris revoit son influence en Afrique. Mahamat Idriss Déby Itno, engagé dans une transition délicate, doit jongler entre la coopération avec ses partenaires traditionnels et la montée d’un panafricanisme critique à l’égard de la présence française.
En recevant Marine Le Pen, le président tchadien envoie un signal : le Tchad reste ouvert au dialogue avec toutes les sensibilités politiques françaises, au-delà du pouvoir en place à l’Élysée. Une posture qui pourrait redéfinir les équilibres diplomatiques dans la sous-région.