Bukavu, RDC – Ce qui devait être un rassemblement politique historique s’est transformé en tragédie. Jeudi 27 février 2025, deux explosions simultanées ont endeuillé la Place de l’Indépendance à Bukavu, quelques minutes après le départ de Corneille Nangaa, président de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et allié du M23.
Un lourd bilan humain

Le bilan est dramatique : 11 morts, dont une femme, ainsi que 65 blessés, parmi lesquels deux enfants et six personnes en état critique. L’attaque, qualifiée de « terroriste » par Corneille Nangaa lors d’une conférence de presse, a immédiatement été attribuée au régime de Kinshasa.
Nangaa, tout en condamnant cet acte qu’il juge « ignoble », a présenté ses condoléances aux familles des victimes et promis une prise en charge totale des obsèques ainsi que des soins médicaux des blessés, actuellement soignés à l’hôpital provincial de référence de Bukavu. Selon lui, un des assaillants a été appréhendé par les éléments de l’AFC-M23, tandis qu’un autre a péri lors de l’attaque.
Un discours aux accents révolutionnaires

Avant le drame, Corneille Nangaa avait développé les raisons profondes de son engagement et de la « révolution » qu’il porte avec l’AFC-M23. Il a dénoncé :
L’absence d’autorité de l’État, qu’il accuse d’avoir abandonné certaines provinces à l’instabilité.
L’illégitimité du régime de Kinshasa et la volonté de changer la Constitution pour se maintenir au pouvoir.
La mauvaise gouvernance et la corruption, qui, selon lui, détruisent l’avenir du pays.
La discrimination ethnique et politique, qui divise les Congolais au lieu de les unir.
Pour lui, cette révolution repose sur des valeurs essentielles : patriotisme, sacrifice, justice, travail et vivre-ensemble.
Vers une nouvelle gouvernance à Bukavu ?

Ce meeting avait également pour but d’annoncer plusieurs décisions stratégiques. Corneille Nangaa a notamment déclaré que de nouvelles autorités du mouvement seront bientôt installées dans la ville, signalant ainsi une prise de contrôle progressive de l’AFC-M23 sur la région.
Par ailleurs, il a appelé les banques à rouvrir leurs portes pour éviter des sanctions et a révélé l’existence de pourparlers en cours afin que la BRALIMA – société brassicole pillée lors des récents troubles – puisse reprendre sa production.
Une RDC sous haute tension
Cet attentat marque un nouveau tournant dans l’instabilité qui secoue l’est de la RDC. Alors que Kinshasa et ses alliés dénoncent l’illégitimité de l’AFC-M23, Nangaa et ses partisans continuent d’affirmer leur détermination à changer le cours de l’histoire du pays.
La population de Bukavu, elle, oscille entre peur et incertitude, alors que les affrontements et les tensions politiques se poursuivent. L’avenir de la région reste plus que jamais incertain.