Violences interethniques à Meyo : un danger pour la cohésion nationale

Un contexte de tensions croissantes
Le 20 février 2025, l’Arrondissement de Meyo, au Sud du Cameroun, a été le théâtre de violences interethniques tragiques. Ces événements, qui ont causé la mort de deux personnes, soulignent une montée inquiétante de la violence ségrégationniste dans un pays déjà affaibli par des tensions ethniques anciennes. Les émeutes ont été déclenchées par des meurtres, dont celui du frère de l’artiste Calvino, et se sont rapidement intensifiées, ciblant particulièrement les Bamilékés, considérés comme « allogènes ».
Ces violences s’inscrivent dans une tendance plus large. Un climat de haine et de discrimination s’est renforcé ces dernières années, alimenté par des discours politiques et médiatiques. Arlette Framboise Doumbe Ding, militante du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), a réagi vigoureusement. Pour elle, ces actes illustrent une violence aveugle, où les individus sont attaqués pour leurs origines ethniques, et non pour des actions spécifiques.
Les conséquences vont bien au-delà des pertes humaines. Ces violences menacent les fondements de l’unité camerounaise, qui repose sur le respect de la diversité culturelle. La haine grandissante entre les communautés pourrait conduire à une fragmentation sociale, rendant la coexistence pacifique de plus en plus difficile.

Réactions et responsabilités politiques
Dans ce contexte troublé, les réactions des acteurs politiques sont essentielles. Shanda Tonme, Médiateur Universel et Président de la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (COMICODI), a adressé une lettre ouverte au député Mathurin Bindoua. Il l’accuse de complicité dans la montée de cette haine. Tonme rappelle que certains discours politiques, stigmatisant des communautés, exacerbent les tensions interethniques.
Dans sa lettre, il évoque la désolation et la violence, rappelant des émeutes passées, telles que celles de 2008. Tonme appelle à une prise de conscience collective et à un engagement décisif des élites pour promouvoir la paix. La responsabilité politique est d’autant plus cruciale à l’approche des élections présidentielles de 2025, où les émotions ethniques pourraient être manipulées à des fins électorales.
De son côté, Maurice Kamto, leader du MRC, a également condamné ces violences, plaidant pour une action rapide afin de restaurer la cohésion nationale. Il rappelle que « le crime n’a pas de tribu ni d’ethnie », insistant sur l’importance de ne pas instrumentaliser la violence à des fins politiques. Kamto critique également la passivité des forces de sécurité face à ces actes, en contraste avec leur répression des militants de son parti.

Vers une réconciliation nationale
Pour surmonter cette crise, un dialogue national inclusif est indispensable. Ce dialogue doit traiter les causes profondes des tensions interethniques, ce qui nécessite une volonté politique forte. Les enquêtes judiciaires doivent être faites pour identifier et punir les responsables des violences, afin de rétablir la confiance des citoyens dans l’État.
Parallèlement, il est essentiel d’éduquer les citoyens sur les dangers de la haine et de la division. Des campagnes de sensibilisation pourraient contribuer à déconstruire les stéréotypes et à promouvoir une culture de tolérance. Les médias doivent également jouer un rôle proactif, en diffusant des messages de paix et en évitant de relayer des discours de haine.
Enfin, la société civile doit être mobilisée pour favoriser un climat de cohésion sociale. Des initiatives locales peuvent renforcer les liens entre communautés et encourager le dialogue interethnique. Construire un Cameroun uni et pacifique nécessite l’engagement de tous, car la violence interethnique fragilise un pays déjà confronté à de multiples défis.
Les événements tragiques de Meyo posent des questions cruciales sur l’avenir de la cohésion nationale au Cameroun. Comment les leaders politiques et les citoyens peuvent-ils collaborer pour dépasser ces divisions ? Quelles actions concrètes peuvent être prises pour éviter que de telles violences ne se répètent ? Les réponses à ces questions détermineront non seulement la stabilité du pays, mais aussi son identité collective à long terme.