Légitimité des Institutions Électorales au Cameroun

Contexte des Contestations Électorales
Le Cameroun traverse une période de tensions politiques croissantes, marquée par des doutes sur la transparence et la légitimité de ses institutions électorales. Au cœur de cette lutte, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), sous la direction de Maurice Kamto, dénonce des pratiques qu’il considère comme des violations des principes démocratiques. Récemment, la décision de la Cour d’appel du Centre, qui s’est déclarée incompétente dans le recours du MRC contre Élections Cameroun (Elecam) sur la publication des listes électorales, a ravivé ces inquiétudes.
Les élections présidentielles de 2025 approchent, et les militants du MRC estiment qu’il n’existe plus d’arbitres impartiaux dans le jeu électoral. Cette assertion remet en question la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice. Les avocats du MRC, notamment Me Hippolyte Meli, accusent le gouvernement de collusion avec Elecam pour entraver la publication du fichier électoral, ce qui pourrait constituer un prélude à des actes de fraude électorale.
Pour saisir l’ampleur de cette crise de légitimité, il est crucial d’examiner le cadre juridique régissant les élections au Cameroun. Selon la décision n°01/CC/SRCER du 21 janvier 2025 du Conseil Constitutionnel, toute contestation doit être traitée par le Conseil Electoral en premier lieu. Cependant, le MRC fait face à des contraintes pour accéder à la liste électorale nationale, ce qui suscite des doutes sur la transparence de l’ensemble du processus électoral.

Les Réactions des Acteurs Clés
Les réactions face à cette crise révèlent des divisions profondes au sein de la société camerounaise. Christian Ntimbane Bomo, représentant de la société civile et candidat à la présidence, dénonce un déni de justice. Il affirme que le refus de la Cour d’appel de traiter le litige opposant le MRC à Elecam constitue une atteinte aux droits des citoyens à une élection juste. Il insiste sur la nécessité de respecter les décisions du Conseil constitutionnel, qui doivent s’appliquer à toutes les juridictions.
De plus, Charly Gabriel Mbock, universitaire et militant du MRC, critique l’État camerounais pour le rôle qu’il joue dans la répression de l’opposition. Il souligne que la composition d’Elecam, intégrant des retraités du ministère de l’administration territoriale, soulève des interrogations quant à l’impartialité de cette institution. Ce climat général de méfiance envers les institutions électorales souligne leur perception comme des outils au service du pouvoir.
Les avocats du MRC, et en particulier Me Hippolyte Meli, s’inquiètent aussi de l’éligibilité des candidats, notamment Paul Biya et Maurice Kamto, alors qu’aucune liste électorale n’est publiée. Cette absence crée un climat d’incertitude, potentiellement néfaste pour la participation électorale et la confiance des citoyens dans la démocratie.

Implications pour l’Avenir Électoral
La crise actuelle pose des questions cruciales sur l’avenir des élections au Cameroun. La légitimité des institutions électorales est compromise, et la confiance du public dans la démocratie est en déclin. Les élections présidentielles de 2025 pourraient marquer un tournant décisif, mais cela dépendra de la mise en œuvre de mesures concrètes pour garantir la transparence et l’équité des élections.
Il est essentiel que les institutions judiciaires précisent leurs positions sur les recours électoraux et que des mécanismes soient établis pour assurer la publication des listes électorales. La transparence dans la gestion des élections est cruciale pour restaurer la confiance du public et encourager leur participation active. Par ailleurs, les acteurs politiques, y compris le MRC, doivent s’engager dans un dialogue constructif pour résoudre les problèmes soulevés.
En somme, la légitimité des institutions électorales au Cameroun est en péril. Les conséquences de cette crise pourraient être profondes et remettent en question le fait que les voix citoyennes soient prises en compte dans le processus démocratique. La situation actuelle appelle à une réflexion sérieuse sur l’évolution des institutions afin de mieux servir la démocratie camerounaise.