Conséquences de la prise de Goma par le M23

Une escalade de la violence et des pertes humaines
La prise de Goma par le M23, fin janvier 2025, a conduit à une intensification dramatique de la violence, plongeant la population locale dans un désespoir accablant. Les Nations Unies rapportent plus de 3 000 morts en quelques jours, sans compter les victimes non identifiées, soulignant l’ampleur d’une crise humanitaire en plein essor.
Les combats, opposant le M23 soutenu par l’armée rwandaise aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), ont généré des vagues de déplacements massifs. Près de 500 000 personnes ont été chassées de chez elles, ajoutées aux 6,4 millions déjà déplacées. Cette tragédie évoque les conflits passés, lorsque des millions de Congolais durent fuir leurs foyers pour échapper à la violence.
Bruno Lemarquis, responsable des opérations humanitaires de l’ONU en RDC, a insisté sur l’importance de garantir le retour des déplacés dans des conditions sécurisées et volontaires. Pourtant, sur le terrain, la situation est désespérante, avec des milliers de personnes cherchant refuge dans des conditions précaires.

Une crise humanitaire exacerbée
La prise de Goma a aggravé une crise humanitaire déjà désastreuse. Les infrastructures essentielles, y compris hôpitaux et écoles, ont été gravement endommagées. Au moins 80 écoles et 27 centres de santé ont été détruits ou vandalisés, privant près de 400 000 étudiants d’accès à l’éducation et aux soins. Les hôpitaux, déjà débordés, luttent pour faire face à l’afflux massif de blessés alors que les morgues se remplissent rapidement.
Les conditions de vie des déplacés se dégradent, entraînant une hausse alarmante de la malnutrition. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), la consommation alimentaire inadéquate a augmenté de 58 % en décembre 2024 à 71 % en février 2025. Les prix des produits de première nécessité flamboient, rendant l’accès à la nourriture encore plus difficile pour les populations les plus vulnérables.
Les témoignages des habitants de Goma révèlent une réalité déprimante. Un revendeur de crédit téléphonique a fait part de son désespoir face à la fermeture des banques, ralentissant le marché. Une femme a décrit la rareté de l’argent liquide, obligeant certains à spéculer sur des prix majorés. Cette crise économique, combinée à la violence omniprésente, crée un cadre de vie de plus en plus précaire.

Les défis humanitaires et les réponses internationales
Dans cette situation tragique, la communauté internationale est poussée à agir. Le 15 février 2025, le ministère de la Santé publique a déclaré l’ouverture d’un couloir humanitaire à Goma pour acheminer de l’aide. Cependant, les difficultés d’accès persistent, avec des routes bloquées et des infrastructures ravagées, compliquant l’acheminement de l’assistance.
Les organisations humanitaires, telles que Médecins Sans Frontières (MSF), intensifient leurs efforts. Virginie Napolitano, coordinatrice d’urgence de MSF, a expliqué que des actions sont mises en place pour traiter les victimes de violences sexuelles, fournir de la nourriture, de l’eau et des installations sanitaires. Les défis demeurent, et les besoins humanitaires se font de plus en plus pressants.
La communauté internationale, y compris l’Union africaine et les Nations Unies, exprime une inquiétude grandissante face à la situation en RDC. Des appels en faveur d’un cessez-le-feu et de la réouverture de l’aéroport de Goma ont été lancés pour faciliter l’acheminement de l’aide. Néanmoins, la mise en œuvre de ces recommandations reste incertaine, alors que la crise continue de s’aggraver.
La prise de Goma par le M23 a de graves conséquences sur la crise humanitaire en République démocratique du Congo. Tandis que les pertes humaines s’accumulent et que les besoins croissants se font ressentir, une question demeure : combien de temps encore la communauté internationale restera-t-elle inactive face à cette tragédie ? Quels mécanismes peuvent être envisagés pour garantir la sécurité et le bien-être des populations vulnérables dans cette région fracturée par la violence ?