Goma, 12 février 2025 – Une décision controversée secoue la ville de Goma. Un communiqué signé par Katembo Ndaleni Julien, prétendu « maire » de la ville, ordonne aux militaires, aux éléments Wazalendo et à la police nationale congolaise de se rendre au stade de l’Unité, sous peine d’être considérés comme des ennemis. Mais qui est réellement ce maire et quelle est la légitimité de son pouvoir ?
Derrière ce document aux allures officielles se cache une tentative d’imposer une autorité auto-proclamée, issue du coup de force orchestré par Corneille Nangaa, ancien président de la CENI passé chef de guerre. Depuis son ralliement aux M23 et autres groupes armés, Nangaa tente d’installer une administration parallèle dans les zones sous influence rebelle.
Un maire nommé par un chef rebelle : une imposture ?

Loin d’être le fruit d’un processus démocratique ou légal, la nomination de Katembo Ndaleni Julien s’inscrit dans une logique de mainmise sur Goma par le camp rebelle. Or, la Constitution congolaise est claire : les autorités locales doivent être désignées par voie légale, sous l’autorité du gouvernement central. Aucun texte ne confère à un chef rebelle le pouvoir de nommer un maire.
En outre, ce communiqué, rédigé sur un papier à en-tête officiel de la mairie, ne porte aucun sceau ni référence administrative valide de l’État congolais. Il s’agit d’une tentative évidente de légitimer une administration illégale sous couvert d’une pseudo-gestion municipale.
Un ultimatum qui ressemble à une menace

Le ton du document est sans équivoque : toute personne trouvée en possession d’armes après un délai de sept jours sera considérée comme un ennemi. Une formulation qui ressemble davantage à un décret militaire qu’à un arrêté municipal. Or, une telle déclaration dans un contexte aussi volatile pourrait exacerber les tensions et encourager une répression brutale contre les civils, au nom d’un ordre illégal.
Goma sous occupation ?
Les habitants de Goma sont en droit de se demander : qui contrôle réellement la ville ? Si un individu peut s’auto-proclamer maire et imposer ses directives sans aucune validation des autorités congolaises, alors cela signifie que l’État de droit est mis en péril.
Face à cette tentative de prise en main par les forces rebelles, le gouvernement congolais doit réagir fermement pour rappeler que la seule autorité légitime demeure celle de Kinshasa. Laisser faire reviendrait à normaliser l’occupation et à offrir une victoire politique aux groupes armés qui cherchent à fragmenter le pays.
Un test pour Kinshasa et la communauté internationale

Ce communiqué n’est pas qu’une simple annonce administrative. Il est le symbole d’un coup de force visant à imposer un nouvel ordre dans l’Est de la RDC. Si cette tentative réussit, elle pourrait ouvrir la voie à une institutionnalisation des zones rebelles, avec un risque accru de partition du pays.
Les prochains jours seront cruciaux : le gouvernement de Félix Tshisekedi prendra-t-il les mesures nécessaires pour rétablir l’autorité de l’État à Goma ? La communauté internationale, elle, restera-t-elle silencieuse face à une telle provocation ?
Une chose est certaine : les habitants de Goma ne doivent pas être les otages d’un pouvoir imposé par la force. L’urgence est à la restauration de la légitimité, avant que la ville ne sombre définitivement dans l’inconnu.