Réformes fiscales au Cameroun : Vers une meilleure collecte des recettes

Un constat alarmant : le faible ratio impôts sur PIB
Le Cameroun, malgré ses ressources naturelles abondantes, fait face à un défi majeur en matière de collecte des recettes fiscales. Avec un ratio impôts sur PIB de seulement 11,3 %, le pays se situe bien en deçà de la moyenne de ses pairs africains comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Cette situation soulève des questions cruciales sur la capacité de l’État à financer des services publics essentiels.
La Banque mondiale, dans son rapport du 6 février 2025, souligne l’urgence d’une réforme audacieuse. Un faible niveau de recettes fiscales freine les investissements dans des secteurs primordiaux comme l’éducation et la santé, tout en limitant les réponses de l’État face aux besoins croissants de la population. Élargir l’assiette fiscale et renforcer la conformité fiscale devient donc une priorité incontournable.
Pour remédier à cette situation, il est impératif d’identifier les causes profondes de cette faiblesse fiscale. Des difficultés persistent, notamment une administration fiscale inefficace, des exonérations excessives, et un manque de sensibilisation des contribuables. En abordant ces aspects, le Cameroun pourrait envisager une augmentation significative de ses recettes fiscales, estimée à 6 % du PIB, selon les recommandations de la Banque mondiale.

Réorienter les dépenses publiques : un impératif stratégique
Améliorer la collecte des recettes est essentiel, mais la gestion des dépenses publiques l’est tout autant. Actuellement, les dépenses sont souvent mal orientées, avec une part significative dédiée à des domaines peu productifs. Une réévaluation des priorités budgétaires est donc nécessaire pour rediriger les ressources vers des investissements à fort impact.
Selon la Banque mondiale, en réorientant les dépenses, le Cameroun pourrait économiser jusqu’à 3 % de son PIB chaque année. Ces économies pourraient être réinvesties dans des secteurs stratégiques comme l’éducation et la santé, qui ne représentent actuellement même pas 5 % du PIB. En investissant davantage dans le capital humain, le pays pourrait améliorer la qualité de vie de ses citoyens et stimuler sa croissance économique à long terme.
Renforcer l’efficacité des services publics est aussi crucial. Cela implique une gestion optimisée des ressources et une lutte acharnée contre la corruption, qui persiste dans de nombreux secteurs. En améliorant la transparence et la responsabilité au sein des institutions publiques, le Cameroun pourrait créer un environnement propice à un développement durable et inclusif.

Renforcer l’autonomie des collectivités territoriales
Un autre aspect crucial des réformes fiscales est l’autonomie des collectivités territoriales décentralisées. Actuellement, ces structures ne bénéficient que de 3 % du budget national, ce qui restreint leur capacité à répondre efficacement aux besoins locaux. Pour stimuler le développement local, accroître cette autonomie et optimiser la gestion des ressources est essentiel.
En consolidant les systèmes budgétaires locaux tout en réduisant la bureaucratie, le Cameroun pourrait non seulement améliorer la qualité des services publics, mais également favoriser une participation citoyenne accrue dans les processus décisionnels. Cela contribuerait à une allocation plus judicieuse des ressources, tenant compte des spécificités et besoins de chaque région.
Les réformes fiscales nécessitent donc une volonté politique forte pour décentraliser le pouvoir et responsabiliser les collectivités locales. Cela pourrait créer un environnement inclusif et prospère, où chaque citoyen se sentirait investi dans le développement de sa communauté.
Vers un avenir fiscal durable
Les réformes fiscales au Cameroun représentent un enjeu crucial pour l’avenir du pays. En optimisant la collecte des recettes, en réorientant les dépenses publiques et en renforçant l’autonomie des collectivités territoriales, le Cameroun pourrait non seulement améliorer ses services publics, mais aussi dynamiser sa croissance économique. Toutefois, ces changements requièrent un engagement ferme de la part des décideurs et une volonté de transformation au sein de la société.
Les défis sont nombreux, mais les opportunités le sont tout autant. En s’inspirant des meilleures pratiques d’autres pays africains, le Cameroun peut dessiner une trajectoire vers un avenir fiscal plus durable. Alors, quelles mesures concrètes seront mises en place pour assurer le succès de ces réformes ? Comment impliquer les citoyens dans ce processus de transformation ?
Il est temps pour le Cameroun de prendre des décisions audacieuses et de s’engager sur la voie d’une fiscalité plus équitable et efficace, afin de construire un avenir meilleur pour l’ensemble de ses citoyens.