Goma, RDC – La crise sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC) ravive une fracture diplomatique entre l’Afrique du Sud et le Rwanda. Le ton est monté d’un cran ces derniers jours, notamment après une déclaration du président sud-africain Cyril Ramaphosa affirmant la solidarité de son pays envers Kinshasa, suivie d’une réponse cinglante de Kigali, accusant Pretoria de cacher ses véritables motivations.
Ramaphosa justifie l’engagement sud-africain en RDC

Dans un message officiel, Cyril Ramaphosa a rappelé la dette historique de l’Afrique du Sud envers les nations africaines qui ont soutenu sa lutte contre l’apartheid. Il a ainsi réaffirmé l’engagement de Pretoria à aider la RDC à retrouver la paix, soulignant une continuité dans la politique de solidarité africaine du pays.
« En tant que pays, nous avons la responsabilité de soutenir les pays africains qui nous ont rejoint et nous ont fourni une assistance matérielle qui nous a aidés à nous libérer. L’Afrique du Sud ne cessera pas d’aider le peuple de la RDC à jouir de la paix et de la sécurité qu’il mérite. »
Le président sud-africain faisait référence au déploiement des troupes de la Southern African Development Community (SADC) en RDC, où les forces sud-africaines sont engagées aux côtés des FARDC contre les rebelles du M23, un mouvement soutenu par Kigali selon Kinshasa et plusieurs rapports des Nations unies.
Kigali accuse Pretoria d’ingérence et de dissimulation

Mais la réaction de Kigali ne s’est pas fait attendre. Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, a vivement critiqué l’Afrique du Sud, dénonçant une implication militaire biaisée au profit du président Félix Tshisekedi et des intérêts miniers sud-africains en RDC.
« Vous n’aidez pas le peuple de la RDC à trouver la paix. Vous envoyez vos troupes pour aider le président Tshisekedi à tuer son peuple… S’il vous plaît, dites à votre peuple la vérité sur vos propres intérêts dans l’exploitation minière en RDC. Ce sont vos propres intérêts qui causent la mort des soldats sud-africains. C’est triste ! »
Ces accusations viennent dans un contexte où plusieurs soldats sud-africains ont trouvé la mort lors des combats en RDC, un sujet devenu sensible au sein de l’opinion publique sud-africaine. Kigali soutient que Pretoria cache ses véritables motivations économiques derrière un discours humanitaire.
Un conflit géopolitique aux multiples enjeux

Ce nouvel affrontement diplomatique met en lumière des rivalités profondes. L’Afrique du Sud, puissance économique et militaire du continent, cherche à affirmer son influence en Afrique centrale à travers la SADC. Le Rwanda, lui, est accusé d’ingérence en RDC à travers son soutien présumé au M23, ce que Kigali nie systématiquement.
L’exploitation des ressources minières congolaises, notamment le coltan et le cobalt, attise également les convoitises. Pretoria, par l’intermédiaire de ses entreprises, a des intérêts dans ce secteur stratégique, ce qui alimente les soupçons rwandais.
Alors que les combats se poursuivent dans l’est de la RDC, la confrontation entre Kigali et Pretoria risque d’aggraver la situation sur le terrain et de complexifier davantage la recherche d’une solution pacifique à ce conflit qui déchire la région depuis des décennies.