Alors que les combats font rage dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la scène diplomatique s’anime sous haute tension. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a entamé une tournée régionale, débutant par Kinshasa le jeudi 30 janvier avant de se rendre à Kigali ce vendredi 31 janvier. Une séquence qui reflète la complexité du conflit opposant les Forces armées de la RDC (FARDC), appuyées par des groupes armés locaux et des alliés régionaux, au mouvement rebelle du M23, largement soutenu par le Rwanda selon plusieurs rapports onusiens.
Une guerre par procuration aux multiples facettes

L’est de la RDC est depuis plusieurs décennies le théâtre de violences exacerbées par des dynamiques ethniques, économiques et géopolitiques. Mais la recrudescence des affrontements entre l’armée congolaise et le M23 marque une nouvelle escalade. Kinshasa accuse ouvertement Kigali de soutenir cette rébellion, ce que Paul Kagame nie systématiquement. De son côté, le Rwanda justifie son implication par la menace que représenteraient les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé d’origine hutue actif en RDC et hostile au régime de Kigali.
Les efforts diplomatiques internationaux peinent à apaiser les tensions. La Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) a échoué à imposer une solution viable, et la mission des Nations unies (MONUSCO) reste en retrait face à l’intensification des combats. Les pressions occidentales, notamment celles de Washington et Paris, visent à pousser Kigali à désengager ses troupes du conflit.
Jean-Noël Barrot : médiateur ou simple spectateur ?

La visite du chef de la diplomatie française en RDC puis au Rwanda intervient dans un contexte de fortes tensions bilatérales. À Kinshasa, Jean-Noël Barrot a réaffirmé le soutien de la France à l’intégrité territoriale congolaise et a plaidé pour une solution négociée. Mais Félix Tshisekedi, confronté à une pression militaire et à une opinion publique de plus en plus hostile à tout dialogue avec Kigali, attend des mesures concrètes de la communauté internationale.
À Kigali, le ministre français devra jongler entre la volonté de maintenir des relations stables avec le Rwanda, acteur stratégique en Afrique de l’Est, et la nécessité d’apaiser les tensions avec la RDC, partenaire clé en Afrique centrale. L’enjeu est d’autant plus délicat que Paris cherche à redéfinir son rôle en Afrique, après des revers diplomatiques en Afrique de l’Ouest.
Vers une impasse ou un fragile compromis ?

Si la diplomatie tente de désamorcer la crise, la réalité du terrain impose un constat amer : ni Kinshasa ni Kigali ne semblent prêts à céder du terrain. La RDC a intensifié sa coopération militaire avec des partenaires régionaux, notamment l’Angola et le Burundi, tandis que le Rwanda reste déterminé à protéger ses intérêts sécuritaires et économiques dans la région.
L’issue de cette crise dépendra de plusieurs facteurs : la capacité de la France et d’autres puissances à peser sur Kagame, l’évolution du rapport de force sur le terrain et la posture de la communauté internationale. Pour l’instant, la dynamique semble davantage s’orienter vers une poursuite des combats que vers une désescalade.
La RDC et le Rwanda restent donc enfermés dans une spirale de défiance réciproque, où la diplomatie peine à offrir des garanties suffisantes pour éviter une confrontation prolongée.


