Par Prince Bertoua, analyste politique
En ce début d’année 2025, la crise entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda semble franchir un nouveau cap, éloignant un peu plus les espoirs d’une résolution diplomatique. Alors que la situation sécuritaire dans l’est de la RDC demeure explosive, les relations entre Kinshasa et Kigali se sont envenimées au fil des mois, transformant la région en un terrain de tensions permanentes.
Un dialogue diplomatique en panne

Les tentatives de médiation, portées par la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC) et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), n’ont produit que des résultats mitigés. L’Angola, qui avait endossé le rôle d’intermédiaire sous l’égide du président João Lourenço, peine à rétablir un canal de communication fiable entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame.
Les engagements pris lors des sommets de Luanda et de Nairobi sont restés lettre morte, le cessez-le-feu ayant été violé à plusieurs reprises par les groupes armés présents dans l’est de la RDC, en particulier le M23, dont Kinshasa accuse le Rwanda d’être le principal soutien. Kigali, de son côté, continue de rejeter ces allégations, arguant que la RDC instrumentalise la crise sécuritaire pour des raisons politiques internes.
Une escalade militaire préoccupante

Sur le terrain, l’option militaire prend de plus en plus le pas sur les initiatives diplomatiques. L’armée congolaise (FARDC), appuyée par des forces partenaires, a intensifié ses opérations contre le M23 dans le Nord-Kivu, entraînant de nouveaux affrontements de grande ampleur. L’accusation récente de Kinshasa affirmant que des troupes rwandaises combattent directement sur son sol a ravivé la crainte d’un conflit ouvert entre les deux États.
De son côté, Kigali, qui maintient une posture défensive officielle, a renforcé sa présence militaire à la frontière et multiplie les mises en garde contre toute « provocation » congolaise. Le risque d’un engrenage militaire semble plus réel que jamais, surtout à l’approche de l’élection présidentielle en RDC, où Félix Tshisekedi joue une partie décisive pour sa réélection.
L’implication internationale : entre condamnations et prudence

Sur la scène internationale, les condamnations contre Kigali se multiplient, notamment de la part de Washington et de Bruxelles, qui exhortent le Rwanda à cesser tout soutien au M23. Cependant, ces pressions diplomatiques restent limitées, tant les intérêts économiques et stratégiques dans la région sont complexes.
L’ONU, via la MONUSCO, affiche son impuissance face à l’ampleur des combats, tandis que l’Union africaine tente de maintenir une position équilibrée sans parvenir à influer sur la dynamique du conflit.Vers un point de non-retour ?
Si les hostilités persistent et que la diplomatie continue de s’éroder, la RDC et le Rwanda pourraient bientôt se retrouver face à un point de non-retour. Dans ce contexte, l’année 2025 s’annonce comme une période charnière, où la stabilité de toute la région des Grands Lacs pourrait être mise à rude épreuve.
En l’absence de volonté politique forte et de médiation efficace, le spectre d’un conflit de plus grande ampleur ne peut être écarté.