Par Prince Bertoua– Africacoeurnews
Depuis des décennies, l’est de la République démocratique du Congo (RDC) est le théâtre d’un conflit complexe où s’entremêlent rébellions armées, intérêts géopolitiques et convoitises économiques. Au cœur de cette instabilité, le Mouvement du 23 Mars (M23), une milice rebelle d’inspiration tutsi, occupe une place centrale. Officiellement présenté comme un groupe insurgé revendiquant des droits politiques, le M23 serait-il en réalité un instrument au service du pillage systématique des ressources minières congolaises par le Rwanda et ses alliés ?
Une guerre aux allures de prédation économique

L’est de la RDC regorge d’immenses gisements de minerais stratégiques tels que le coltan, l’or, la cassitérite et le cobalt. Ces ressources sont vitales pour les industries technologiques et énergétiques mondiales, attisant ainsi les convoitises. Officiellement, le Rwanda nie toute implication dans les conflits congolais. Pourtant, de nombreux rapports indépendants, dont ceux de l’ONU et d’ONG spécialisées, pointent Kigali du doigt comme un acteur clé de l’instabilité dans la région.
Selon plusieurs enquêtes, les territoires occupés par le M23 coïncident étrangement avec des zones riches en minerais. Lorsque la milice prend le contrôle d’une région, l’exploitation minière illégale s’intensifie, et les minerais extraits sont acheminés vers le Rwanda avant d’être exportés sous une fausse origine. « Le M23 n’est rien d’autre qu’une armée proxy du Rwanda, permettant à Kigali de masquer son implication directe dans le pillage des ressources congolaises », affirme un expert sécuritaire basé à Goma.
Des complicités au plus haut niveau

Le rôle du Rwanda dans l’exploitation illégale des ressources congolaises est un secret de polichinelle. Plusieurs rapports des Nations Unies documentent comment des entreprises rwandaises, souvent liées à des proches du pouvoir, exportent massivement des minerais congolais. En 2022, un rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur la RDC a révélé des preuves accablantes du soutien militaire et logistique apporté par Kigali au M23.
Des témoignages d’anciens rebelles confirment cette thèse. « Nous recevions des armes, des uniformes et des ordres directs du Rwanda. Nos missions étaient claires : sécuriser des zones minières et empêcher l’armée congolaise d’y accéder », confie un ancien combattant sous couvert d’anonymat.
Un silence complice de la communauté internationale ?

Face à ces révélations, la réaction internationale reste timide. Les sanctions contre les officiers rwandais impliqués sont rares, et le Rwanda continue de bénéficier du soutien diplomatique de puissances occidentales, notamment des États-Unis et du Royaume-Uni. Pour certains observateurs, cette impunité s’explique par les intérêts économiques en jeu. « Le Rwanda est un partenaire clé dans la région pour de nombreux pays occidentaux. Tant que ses actions en RDC ne nuisent pas directement à ces intérêts, il y a peu de chances que des mesures fortes soient prises », analyse un chercheur en relations internationales.
Un pillage qui dure depuis trop longtemps
Pendant que les grandes puissances détournent le regard, la population congolaise paie le prix fort. Violences, déplacements forcés, massacres… Le M23, comme d’autres groupes armés avant lui, sème la terreur pour mieux asseoir son contrôle sur les zones minières. La question demeure : jusqu’à quand le peuple congolais sera-t-il sacrifié sur l’autel des intérêts économiques et géopolitiques ?
L’avenir de l’est de la RDC dépendra en grande partie de la volonté des autorités congolaises et de la communauté internationale à briser le cycle de l’impunité et à exiger des comptes aux véritables instigateurs du chaos. Mais en attendant, le pillage continue, sous le regard complice du silence diplomatique.