Un échec à 45 milliards FCFA
Par Prince Bertoua
Douala, Cameroun – Un vent d’amertume souffle sur le Cameroun après l’annonce par la Banque mondiale de la clôture anticipée du projet Sahel Women’s Empowerment and Demographic Dividend (Swedd). Lancé avec une enveloppe de 45 milliards FCFA, cet ambitieux programme visait à transformer les conditions socio-économiques des femmes et des jeunes filles. Mais après des années d’exécution, l’institution financière internationale a jugé les résultats insatisfaisants, marquant un revers pour ce projet initialement porteur d’espoirs.
Une ambition de transformation sociale avortée
Le projet Swedd, introduit au Cameroun en 2019, avait pour objectif de réduire les inégalités de genre, d’améliorer l’accès à l’éducation et aux services de santé pour les femmes, et de booster leur autonomie économique. Cette initiative s’inscrivait dans une dynamique sous-régionale, impliquant plusieurs pays sahéliens.
Cependant, au fil des ans, des failles majeures dans sa mise en œuvre ont émergé : gestion inefficace des fonds, lenteur administrative, et faiblesse des résultats sur le terrain. Selon des rapports confidentiels, moins de 40 % des objectifs fixés ont été atteints, suscitant la déception des parties prenantes, y compris des bénéficiaires.
Un constat accablant
Dans un communiqué publié lundi, la Banque mondiale a souligné les « dysfonctionnements structurels » ayant entravé le succès du projet. « Malgré des financements conséquents et un cadre stratégique solide, l’impact réel sur les communautés ciblées reste marginal. Nous sommes dans l’obligation de réévaluer nos priorités », peut-on lire dans le document.
Les critiques fusent également du côté des observateurs nationaux. « Le projet Swedd a souffert d’un manque de coordination entre les différents acteurs. Les fonds débloqués n’ont pas toujours été utilisés à bon escient, ce qui a plombé l’efficacité globale », déclare un expert en gouvernance basé à Yaoundé.
Les bénéficiaires en colère
Sur le terrain, les femmes et les jeunes filles, principales bénéficiaires du programme, expriment leur désarroi. « Nous avions placé de grands espoirs dans ce projet. On nous avait promis des formations, des aides financières et un meilleur accès aux soins. Mais, au final, tout cela reste un mirage », confie Aminatou, une commerçante de Garoua.
Un revers qui soulève des questions
La clôture du projet Swedd soulève des interrogations plus larges sur l’efficacité des projets financés par les bailleurs internationaux au Cameroun. Ce cas révèle un défi récurrent : celui de la transparence et de la redevabilité dans la gestion des fonds publics.
Pour certains analystes, cet échec pourrait ternir la crédibilité du Cameroun auprès des partenaires au développement. D’autres y voient une opportunité pour le gouvernement de revoir ses mécanismes de gestion des projets et de renforcer la collaboration avec les acteurs locaux.
Un avenir incertain
Alors que le Cameroun tourne la page du projet Swedd, les femmes et jeunes filles laissées pour compte continuent d’attendre des initiatives concrètes pour répondre à leurs besoins. Si les leçons de cet échec sont tirées, elles pourraient inspirer de nouvelles approches, plus adaptées aux réalités du terrain.
En attendant, l’échec du Swedd reste une douloureuse illustration des promesses non tenues d’un programme qui visait à changer des vies, mais qui finit par s’éteindre dans l’amertume.
Par Prince Bertoua, pour Africacoeurnews