Défis de financement pour le réseau routier au Gabon
Un projet ambitieux face à des obstacles financiers
Le Gabon, fort de ses riches ressources naturelles, se trouve à un tournant décisif de son développement infrastructurel. Le Plan National de Développement pour la Transition (PNDT) 2024-2026 ambitionne de moderniser le réseau routier national, avec un budget prévisionnel s’élevant à 1 333 milliards FCFA. Pourtant, un constat inquiétant previent : 1 117,4 milliards FCFA restent à mobiliser, soit un déficit de financement alarmant de 83,8 % du budget total. Ce constat interroge sérieusement la capacité du gouvernement à transformer ses ambitions d’infrastructure en réalité.
Les projets de réhabilitation et de construction de routes stratégiques sont cruciaux. Ils promettent d’améliorer les connexions interprovinciales et d’accroître l’accès aux zones rurales. Toutefois, la recherche de ressources extérieures, à travers des partenariats public-privé (PPP) et des financements internationaux, demeure lente. L’absence notoire de représentants gabonais lors de l’Africa Investment Forum (AIF) de la Banque africaine de développement, qui a permis de lever plus de 18 000 milliards de FCFA, soulève de vives interrogations quant à l’engagement réel du gouvernement envers ces projets essentiels.
Cette insuffisance de financement pourrait engendrer des répercussions désastreuses sur le développement rural. Sans un réseau routier adéquat, des populations entières risquent de demeurer isolées, limitant leur accès aux marchés, aux soins de santé et à l’éducation. Leurs conditions de vie se dégraderont, approfondissant ainsi les inégalités entre zones urbaines et rurales.
Partenariats public-privé : une solution en attente
En réponse à ces défis, le gouvernement gabonais s’oriente vers des partenariats public-privé pour financer la modernisation de son réseau routier. Un exemple récent est le projet de construction de stations de pesage et de péage, officialisé le 14 décembre 2024 entre le ministre des Travaux publics, le général Flavien Nzengui Nzoundou, et Carole Mbessa Elongo, présidente-directrice générale du groupe Business Facilities Corporation (BFC). Ce projet, évalué à 5 milliards de FCFA, vise à endiguer les problèmes de surcharge des véhicules tout en générant des ressources pour l’entretien des infrastructures.
Les stations de pesage et de péage prédestinées à être construites à Lalara, Medoumane, Biyi et Mitzic devraient non seulement protéger les routes des dégradations causées par des véhicules en surcharge, mais également créer des emplois pour les populations locales. On estime que le projet pourrait générer 200 emplois directs et 250 indirects, tout en favorisant le transfert de compétences et stimulant les économies locales.
Cependant, la réussite de ces projets repose sur la capacité du gouvernement à attirer des investisseurs privés. Les incertitudes économiques et politiques pourraient décourager ces derniers, rendant ainsi difficile la mobilisation des fonds nécessaires pour réaliser les ambitions du PNDT. La question se pose : le Gabon sera-t-il capable de créer un environnement favorable aux investissements privés pour soutenir ses projets d’infrastructure ?
Conséquences sur le développement rural et les conditions de vie
Les défis de financement relatifs à la modernisation du réseau routier au Gabon portent des conséquences directes sur le développement rural. Un réseau routier abîmé ou inexistant freine l’accès aux marchés pour les agriculteurs, limitant leurs chances de vente et de revenus. Ainsi, les communautés rurales, déjà vulnérables, sont piégées dans un cycle de pauvreté.
En outre, l’isolement des zones rurales affecte l’accès à des services essentiels comme l’éducation et la santé. Les enfants des régions défavorisées peinent souvent à se rendre à l’école, compromettant ainsi leur avenir. De même, l’accès aux soins de santé devient problématique, ce qui accroît les risques de maladies non traitées et de mortalité.
Il est donc impératif que le gouvernement gabonais adopte des mesures proactives pour contrer ces défis de financement. Cela pourrait passer par la recherche de nouveaux partenaires financiers, l’amélioration de la transparence dans la gestion des fonds, et l’adoption de mécanismes incitatifs pour attirer les investissements privés. La modernisation du réseau routier doit être perçue non seulement comme un projet d’infrastructure, mais aussi comme un levier fondamental pour le développement économique et social du pays.