Le Gabon à la tête de la CEMAC : enjeux et perspectives
Un leadership régional renforcé
Le Gabon est sur le point de jouer un rôle central au sein de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) en prenant la présidence du Cadre Permanent de Concertation des Trésors Publics (CPC-TP) en 2025. Cette nomination, officialisée lors de la 12ᵉ session ordinaire à Brazzaville, représente un tournant pour le pays, qui devient le centre névralgique des discussions financières régionales. Luther Steeven Abouna Yangui, Directeur Général de la Comptabilité Publique et du Trésor, sera à la tête de cette initiative, avec des objectifs ambitieux pour améliorer la gouvernance financière au sein de la CEMAC.
Cette présidence offre au Gabon une occasion unique de faire preuve de son engagement envers des pratiques transparentes et efficaces dans la gestion des finances publiques. Le pays devra prouver sa capacité à établir des réformes significatives, comme la transformation de la Cellule de Règlement et de Conservation des Titres (CRCT) en une agence régionale. Cette évolution est essentielle pour moderniser les systèmes financiers et attirer de nouveaux investisseurs, un enjeu crucial dans un contexte économique mondial en mutation.
Avec un encours des titres publics atteignant 7200 milliards de FCFA à fin novembre 2024, le Gabon se positionne comme un acteur clé dans le financement des économies locales. En présidant le CPC-TP, le pays a l’opportunité de se démarquer en tant que moteur d’innovation et de développement, consolidant ainsi sa stature sur la scène internationale.
Les défis de la gouvernance financière
Assumer la présidence du CPC-TP comporte son lot de défis. Le Gabon pourrait faire face à des critiques si des retards ou inefficacités dans la mise en œuvre des résolutions apparaissent. Il est primordial d’élargir la base d’investisseurs et de développer le marché secondaire afin d’assurer la durabilité des réformes. Par ailleurs, les priorités d’Abouna incluent le renforcement des capacités techniques des acteurs financiers de la région, ce qui pourrait établir le Gabon comme un hub d’expertise financière en Afrique Centrale.
Les réformes prévues, telles que l’amélioration de la transparence financière, sont essentielles pour restaurer la confiance des investisseurs. La CEMAC a longtemps été confrontée à des défis en matière de transparence, freinant l’attractivité de ses marchés. En tant que président, le Gabon devra veiller à ce que des mesures concrètes soient mises en œuvre pour répondre à ces préoccupations.
De plus, organiser des formations pour les acteurs financiers est une étape cruciale pour renforcer les compétences nécessaires à une gestion optimale des ressources financières. Cela pourrait également favoriser une meilleure intégration régionale, essentielle pour la stabilité économque des États membres de la CEMAC.
Vers une intégration régionale renforcée
La présidence du Gabon au CPC-TP représente une opportunité d’accélérer l’intégration économique au sein de la CEMAC. Libreville, en tant que capitale financière de la région, sera le cadre de discussions économiques déterminantes, essentielles pour attirer des partenariats internationaux. Cette dynamique peut aussi renforcer la coopération entre les États membres, créant un climat d’affaires propice à l’investissement.
Le marché des valeurs du Trésor, établi en 2011, est un mécanisme clé pour diversifier les sources de financement et promouvoir l’intégration régionale. Avec des titres publics évalués à 7200 milliards de francs CFA, le Gabon doit dynamiser ce marché et le transformer en un outil efficace pour le développement économique des pays de la CEMAC.
Si le mandat du Gabon est mené avec succès, il pourrait marquer une étape décisive dans l’intégration régionale, favorisant une croissance économique durable. Les conséquences de cette présidence dépassent les simples réformes financières ; elles touchent à la stabilité économique et à la prospérité des États membres de la CEMAC.
Alors que le Gabon se prépare à ce rôle de leadership, une question demeure : quelles seront les répercussions de cette présidence sur la dynamique économique de la région ? Le Gabon relèvera-t-il les défis qui l’attendent et transformera-t-il cette opportunité en un levier de développement pour la CEMAC ? Les réponses à ces questions détermineront non seulement l’avenir économique du Gabon, mais aussi celui de toute l’Afrique Centrale.