Critiques de Dieudonné Essomba sur l’État camerounais
Une économie en crise : le sacrifice des populations
Dieudonné Essomba, économiste et consultant, a récemment livré un réquisitoire cinglant contre la gestion macroéconomique de l’État camerounais. Lors de l’émission Club d’Elites, il a alerté sur l’imposition de nouvelles taxes, qualifiant cette mesure de sacrifice infligé aux populations. La question demeure : comment concilier les besoins urgents des citoyens avec les exigence d’une économie affaiblie ?
En illustrant son propos, Essomba a évoqué la pénurie de maquereaux au Cameroun, un aliment désormais importé en raison d’une production locale insuffisante. Cette dépendance étrangère révèle une économie mal structurée, où les ressources financières sont trop limitées pour couvrir les besoins essentiels. L’importation des produits alimentaires de première nécessité, y compris le maquereau, devient un fardeau que le pays peine à porter, accablé par une dette croissante.
Ce constat révèle les limites de l’État dans sa capacité à gérer ses ressources tout en répondant aux attentes fondamentales de sa population. La critique d’Essomba rappelle une réalité amère : les priorités macroéconomiques semblent souvent balayer les préoccupations au niveau microéconomique, laissant les citoyens dans une précarité inquiétante.
Un système fiscal inadapté aux réalités sociales
Une autre critique majeure d’Essomba vise le système fiscal camerounais. Il conteste l’individualisation de l’impôt sur le revenu, instaurée par la loi n°2002/014 du 30 décembre 2002. Cette réforme, selon lui, a des effets désastreux sur les ménages, ignorant la réalité familiale dans l’imposition. Dans un pays où la pauvreté touche une large proportion de la population, un tel système ne fait qu’accroître les inégalités.
Essomba pointe du doigt qu’en 2022, plus de 10 millions de Camerounais survivaient avec moins de 813 FCFA par jour. Une situation alarmante qui met en exergue l’incapacité d’un système fiscal à soutenir les plus vulnérables. L’absence de code de la famille, qui pourrait renforcer les solidarités familiales, est également identifiée comme un manquement grave dans la législation camerounaise.
Ces critiques interrogent la capacité de l’État à élaborer des politiques fiscales justes et équitables. Comment réformer un système fiscal manifestement déconnecté des réalités sociales ?
Un leadership en déclin et un besoin de changement
Essomba ne se limite pas à critiquer les aspects économiques et fiscaux ; il soulève également la question du leadership et de la gouvernance au Cameroun. Selon lui, le président Paul Biya, à la tête du pays depuis plus de quatre décennies, montre des signes clairs d’essoufflement. Son analyse du dernier congrès du RDPC, en septembre 2011, illustre une stagnation inquiétante de la gouvernance. Ce climat soulève de vives préoccupations quant à la capacité du gouvernement à relever les défis contemporains.
En réponse à cette inefficacité, Essomba appelle à une nouvelle vision pour le Cameroun à l’horizon 2050. Il plaide pour une planification stratégique, pourtant absente malgré les exigences constitutionnelles. Le manque d’une vision claire et d’un leadership dynamique semble, en grande partie, être un facteur aggravant de la crise économique actuelle.
En conclusion, les critiques de Dieudonné Essomba mettent en lumière des enjeux cruciaux pour l’avenir du Cameroun. L’urgence d’un changement de leadership et d’une réforme profonde des politiques économiques et fiscales n’a jamais été aussi pressante. Les citoyens se demandent : jusqu’à quand le pays pourra-t-il continuer à naviguer dans l’incertitude économique sans un véritable changement de cap ?