Critiques de la loi de Finances 2025 au Cameroun
Une fiscalité pesante pour les populations
Dieudonné Essomba, économiste reconnu et consultant pour Vision 4, a levé des réserves marquantes sur la loi de Finances 2025 lors de l’émission Club d’Elites, le 8 décembre 2024. Selon lui, cette loi introduit des taxes supplémentaires qui ne font qu’aggraver les défis économiques auxquels le pays fait face. Essomba fait état d’une tendance de l’État à privilégier des solutions macroéconomiques, délaissant les réalités pressantes des Camerounais.
Les nouvelles impositions, présentées comme des remèdes aux dettes extérieures, se traduisent par un sacrifice inacceptable des citoyens. En conséquence, l’augmentation de la fiscalité pourrait réduire le pouvoir d’achat déjà malmené par une inflation galopante. Si les ménages, déjà fragiles, perdent davantage de pouvoir d’achat, les conséquences pourraient être désastreuses, soulevant ainsi des interrogations sur l’efficacité de cette approche.
Essomba pointe également l’inadéquation entre la production locale et les besoins de consommation. Il souligne que le Cameroun doit encore importer des produits comme les maquereaux, illustrant ainsi sa dépendance économique. Cette incapacité à garantir une production suffisante pour satisfaire la demande intérieure pourrait augmenter directement les prix des biens de consommation, rendant la vie quotidienne des Camerounais encore plus difficile.
Une vision économique floue
Les critiques d’Essomba trouvent un écho dans les préoccupations de Dr Louis Marie Kakdeu, qui dénonce le manque de vision économique dans le projet de loi de Finances 2025. Déposé avec près de 40 jours de retard, ce projet ne présente pas de stratégie claire pour sortir le Cameroun de sa dépendance extérieure. Le pays, à la recherche d’une politique économique favorisant l’autosuffisance, se retrouve dans une situation précaire.
Cette absence de vision est alarmante. Kakdeu rappelle que les accords de l’OMC signés en 1995 ont conduit à la fermeture de 92% des entreprises locales dans le secteur agricole d’ici 2005. Aujourd’hui, 97% du riz, 89% du lait et la totalité du blé consommés au Cameroun sont importés. Une telle dépendance alimentaire expose le pays aux fluctuations des prix mondiaux et aux crises d’approvisionnement, aggravant ainsi les difficultés économiques des ménages.
En somme, le manque de stratégie pour renforcer la production locale et réduire la dépendance économique pourrait avoir des impacts dévastateurs sur le pouvoir d’achat des Camerounais, amplifiant les difficultés déjà éprouvées.
Conséquences sur le quotidien des Camerounais
La loi de Finances 2025 soulève des interrogations essentielles quant à ses conséquences sur la vie quotidienne des Camerounais. Avec une inflation atteignant 14% en 2024 et une augmentation prévue des prix des carburants, les ménages doivent faire face à une hausse significative du coût de la vie. Les nouvelles taxes, loin de fournir des solutions, risquent d’aggraver cette situation, rendant les biens de première nécessité de plus en plus inaccessibles.
Par ailleurs, l’augmentation de la fiscalité sur les entreprises, avec une surtaxe de 57% sur le chiffre d’affaires, pourrait engendrer des fermetures d’entreprises et un accroissement du chômage. Face à l’afflux de 200 000 nouvelles personnes dans les grandes villes chaque année, le manque de mesures pour améliorer le climat des affaires rend la situation encore plus précaire. Les conditions de vie pourraient se détériorer rapidement.
Les préoccupations d’Essomba et Kakdeu mettent en lumière une réalité inquiétante. La loi de Finances 2025 pourrait non seulement exacerber les difficultés économiques actuelles, mais aussi compromettre l’avenir des générations à venir. Les questions demeurent : comment le gouvernement prévoit-il de répondre aux besoins pressants des populations ? Quelles mesures seront mises en place pour soutenir la production locale et réduire la dépendance extérieure ?