Bilan après une année de transition
La question de la restauration de la dignité des Gabonais sous la transition militaire actuelle, menée par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) et dirigée par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, soulève des débats sur la transformation réelle des conditions de vie et du bien-être social du peuple gabonais après un an de transition.
Contexte de la transition militaire
Le 30 août 2023, le CTRI a pris le pouvoir suite à un coup d’État mettant fin au règne de la famille Bongo, après plus de cinq décennies de gouvernance. Cette prise de pouvoir s’inscrivait dans une dynamique de restauration des institutions et de la dignité des Gabonais, visant à répondre à la frustration croissante face à la corruption, à l’inefficacité de l’administration, à la pauvreté persistante et à l’inégalité des ressources malgré les richesses naturelles du pays.
Objectifs annoncés et actions majeures
Le gouvernement de transition avait clairement défini ses priorités :
Lutter contre la corruption : Des mesures de transparence ont été mises en place, et certains responsables de l’ancien régime ont été arrêtés ou sont sous enquête.
Améliorer la gouvernance : La révision de la Constitution a été lancée pour renforcer les institutions et garantir une séparation réelle des pouvoirs.
Réformer l’économie : Le redressement économique, axé sur une meilleure gestion des ressources pétrolières et minières, était un objectif central.
Lutter contre les inégalités sociales : Des initiatives pour relancer des secteurs comme l’éducation et la santé ont été promises, ainsi que des efforts pour améliorer l’infrastructure de base, notamment les routes et les services publics.
Évaluation après un an : Entre réalisations et attentes
Réformes politiques
Sur le plan politique, le processus de révision constitutionnelle et l’annonce de prochaines élections ont marqué un tournant. Cependant, certaines critiques estiment que les réformes restent superficielles, car les institutions mises en place ne sont pas encore pleinement opérationnelles et le calendrier électoral reste flou.
Lutte contre la corruption
Des efforts significatifs ont été réalisés dans ce domaine, avec l’arrestation de certaines figures emblématiques de l’ancien régime et une promesse de jugements équitables. Toutefois, la profondeur de ces réformes est remise en question, certains acteurs soulignant la persistance d’intérêts claniques et d’un manque de transparence dans les nouvelles nominations.
Économie et infrastructures
Le redressement économique s’avère difficile. La relance du secteur des infrastructures, bien que cruciale, se heurte à des défis financiers et organisationnels. Les routes restent en mauvais état, et la situation du secteur énergétique et de l’eau, par exemple avec la SEEG, montre peu d’améliorations tangibles. Toutefois, la prolongation du contrat de TotalEnergies jusqu’en 2042 et l’apparition de nouvelles compagnies comme Fly Gabon montrent une dynamique économique plus prometteuse à long terme.
Justice sociale et services publics
Les services publics, notamment l’éducation et la santé, continuent de faire face à d’importantes difficultés, malgré les promesses de réforme. Le taux de scolarisation et les conditions dans les établissements de santé sont encore en décalage avec les besoins de la population. L’amélioration est lente, et les Gabonais les plus vulnérables semblent être les plus affectés par le manque de résultats concrets.
Soutien populaire et critiques
Au début de la transition, une large partie de la population était optimiste quant aux changements promis. Cependant, un an plus tard, cette ferveur s’est estompée pour certains, déçus par le rythme des réformes. D’autres estiment que la transition a permis de poser les bases d’une transformation à long terme, mais que les fruits de ces efforts ne seront visibles que dans plusieurs années.
Mythe ou réalité : Une dignité en reconstruction ?
La restauration de la dignité des Gabonais semble donc à mi-chemin entre le mythe et la réalité. Les actions entreprises par la transition militaire, bien qu’ambitieuses, n’ont pas encore produit les résultats espérés par la majorité de la population. Si des avancées sur le plan institutionnel et juridique sont notables, les défis sociaux et économiques majeurs continuent de miner la perception générale de l’efficacité du gouvernement de transition.
Conclusion
L’avenir de cette transition reste incertain et dépendra en grande partie de la capacité du CTRI à instaurer des réformes profondes et durables, tout en améliorant concrètement les conditions de vie des Gabonais. La restauration de la dignité ne pourra être jugée comme une réalité qu’à la condition de voir des changements palpables dans la vie quotidienne des citoyens.
