Un tournant décisif dans la politique sénégalaise a été marqué par la nomination de l’opposant vétéran Ousmane Sonko comme Premier ministre du Sénégal. Avec plus de deux décennies d’expérience en géopolitique internationale, j’analyserai dans cet article le contexte et les implications de cette transition politique majeure au Sénégal et plus largement en Afrique de l’Ouest.
Tout d’abord, il faut dégager le contexte dans lequel cette transition prend place. La nomination de Sonko survient à un moment critique pour le Sénégal, pays de 15,85 millions d’habitants selon les chiffres de la Banque Mondiale en 2019. Le pays a été éprouvé par des crises sociales, économiques et sanitaires. Le taux de chômage a quadruplé ces dernières années, passant de 3,5% en 2008 selon l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) du Sénégal, à 16,6% en 2021, selon le Fonds Monétaire International (FMI).
La difficulté majeure pour Ousmane Sonko sera de redresser une économie qui a subi de plein fouet l’impact de la COVID-19. Selon la Banque Mondiale, le PIB du Sénégal a chuté de 1.5 % en 2020, alors qu’il affichait une croissance robuste de 5.3% en 2019. Un chiffre qui illustre l’ampleur du défi économique qui attend le nouveau Premier ministre.
Sonko, qui est à la tête du parti d’opposition, Pastef Les Patriotes, s’est fait remarquer pour son approche non conventionnelle de la politique et son engagement en faveur d’une gouvernance plus transparente. Souvent considéré comme un outsider dans un paysage politique dominé par des figures établies, son ascension vers la primature a suscité un regain d’optimisme chez une partie de la population.
Le nouveau Premier ministre hérite d’une situation géopolitique complexe, avec la recrudescence des conflits dans la région du Sahel et la pression croissante de la concurrence géopolitique internationale pour l’accès aux ressources africaines.
Sonko, connu pour son nationalisme économique et son engagement en faveur de l’Afrique, est susceptible de redéfinir les relations du Sénégal avec ses partenaires internationaux. Son approche pourrait s’harmoniser avec la tendance actuelle à une plus grande intégration régionale en Afrique de l’Ouest, illustrée par l’introduction de la nouvelle monnaie régionale, l’Eco, prévue pour 2027 selon une déclaration de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Cependant, le plus grand défi pour Sonko sera de répondre aux attentes élevées de la population sénégalaise, particulièrement parmi les jeunes, qui constituent 60% de la population selon le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). Ils seront attentifs à la capacité du nouveau gouvernement à créer des opportunités d’emploi et à assurer une meilleure répartition de la richesse.
En conclusion, l’arrivée d’Ousmane Sonko à la primature sénégalaise ouvre une nouvelle page de la politique sénégalaise et constitue un test majeur non seulement pour lui, mais aussi pour l’aspiration d’une génération entière à une gouvernance différente. Seul le temps dira si Sonko réussira à transformer son élan politique en réalisations concrètes pour le peuple sénégalais.