Impact économique de la guerre dans le Nord-Kivu

Destruction des infrastructures essentielles
La guerre au Nord-Kivu, en particulier à Goma, a provoqué une destruction dévastatrice des infrastructures vitales. Les affrontements entre les rebelles du M23 et les forces gouvernementales ont laissé les réseaux d’eau, d’électricité et de communication en ruine. Virunga Energies a récemment signalé des interruptions de services causées par des dommages à ses lignes électriques, plongeant Goma et Nyiragongo dans l’obscurité. Cette crise affecte gravement la vie quotidienne des habitants, qui se retrouvent désormais sans électricité pour conserver des aliments ou faire fonctionner des appareils.
Les conséquences sont dramatiques. Les habitants doivent parcourir de longues distances pour trouver de l’eau potable, souvent contaminée, suscitant des inquiétudes sanitaires majeures. La pénurie d’eau et d’électricité entrave aussi le fonctionnement des entreprises, aggravant la crise économique. Un témoignage poignant d’une mère de famille illustre le désespoir croissant face à l’absence de solutions pour assurer leur survie quotidienne.
Par ailleurs, Jean-Baptiste Kasekwa, député national honoraire, a révélé que des pillages massifs dans les boutiques et les entrepôts, y compris ceux des ONG, ont aggravé la situation. Les installations de santé, déjà fragilisées, sont également en détresse. Le CICR souffre d’une pénurie de médicaments causée par ces pillages. L’effondrement des infrastructures met ainsi gravement en péril l’économie locale, ainsi que la santé et le bien-être des populations.

Augmentation des prix et inflation galopante
Un autre effet catastrophique de la guerre dans le Nord-Kivu est la flambée des prix des denrées alimentaires. La prise de Minova par les rebelles du M23 a immédiatement perturbé l’approvisionnement à Goma, provoquant des hausses vertigineuses des prix. Par exemple, le coût des feuilles de manioc est passé de 500 à 1 500-2 000 francs congolais. Cette inflation met en péril l’accès à la nourriture pour de nombreux habitants, comme en témoigne Marie-Jeanne, commerçante, qui s’inquiète de la pérennité de son activité.
Des consommateurs, comme Pascaline Kamale Bwira, se retrouvent dans une situation alarmante, peinant à acquérir des produits alimentaires essentiels. Cette hausse des prix résulte de la rareté des stocks, conséquence directe de l’occupation par le M23. Les résidents de Goma, dépendant largement du ravitaillement en provenance de Minova, sont contraints de se tourner vers le Rwanda, qui devient leur principale source d’approvisionnement. Cette dépendance soulève des questions délicates sur la souveraineté économique et la résilience locale face à une crise prolongée.
Le gouverneur du Nord-Kivu a également interdit la navigation sur le lac Kivu, aggravant l’approvisionnement en biens. Les conséquence de cette décision sont alarmantes, menaçant non seulement la sécurité alimentaire, mais aussi la stabilité économique de la région.

Conséquences à long terme sur l’économie locale
Les effets de la guerre dans le Nord-Kivu dépassent les conséquences immédiates. À long terme, la destruction des infrastructures et l’effondrement du tissu économique local pourraient entraîner des impacts durables. L’absence d’électricité et d’eau potable, associée à l’augmentation des prix, crée un environnement hostile pour les entreprises. Les entrepreneurs, déjà fragilisés par la guerre, sont contraints de fermer, ce qui provoque une perte d’emplois et un chômage croissant.
Les efforts gouvernementaux, comme l’appel à la résilience du président Félix Tshisekedi, s’avèrent essentiels pour redresser la situation. Cependant, sans un plan solide pour protéger les infrastructures essentielles et soutenir les entreprises locales, la situation pourrait s’aggraver. La première ministre Judith Suminwa Tuluka a insisté sur l’urgence d’un rapport sur l’impact économique de la guerre, soulignant la nécessité d’une réponse coordonnée face à cette crise.
La communauté internationale a aussi un rôle à jouer. Des initiatives de soutien humanitaire et économique pourraient aider à stabiliser la région et à reconstruire les infrastructures. Cependant, une question cruciale demeure : combien de temps encore la population du Nord-Kivu devra-t-elle endurer ces souffrances avant que des actions concrètes ne soient entreprises pour retrouver la paix et la prospérité dans cette région dévastée ?


