Influence des Chefs Traditionnels au Cameroun

Un soutien controversé à Paul Biya
Le 27 janvier 2025, au Palais des Congrès de Yaoundé, les chefs traditionnels du Cameroun ont voté leur soutien à Paul Biya, candidat à la présidentielle d’octobre 2025. Ce choix, bien que présenté comme une reconnaissance de son expérience, suscite des doutes. Bien des gens s’interrogent : comment ces leaders peuvent-ils représenter le peuple alors qu’ils soutiennent un président en place depuis 42 ans ? En effet, cet engagement semble nuire à leur rôle historique de gardiens de l’unité nationale.
Des personnalités critiques, telles que l’écrivaine panafricaniste Calixthe Beyala, remettent en question la légitimité de ces chefs. Ils sont qualifiés de « photocopies de chefs », priorisant leurs intérêts personnels au détriment des préoccupations de leurs communautés. Beyala exhorte la population à ne pas tenir compte de leurs propos, affirmant qu’ils sont déconnectés des aspirations des 30 millions de Camerounais qui souffrent. Cette situation met en lumière une fracture entre la classe dirigeante traditionnelle et les citoyens, révélant des enjeux de légitimité complexes.
Le ministre de l’Administration Territoriale, Atanga Nji Paul, a pris la parole, soulignant l’importance des chefs traditionnels pour la cohésion sociale. Pourtant, leur soutien à un régime contesté soulève des interrogations sur leur impartialité et leur engagement envers les valeurs démocratiques. Impliqués dans des manœuvres politiques, ils risquent d’éroder leur image et, par conséquent, leur influence dans la société.

Les tensions entre tradition et modernité
La réunion du 27 janvier fait aussi ressortir les tensions entre les chefs traditionnels et d’autres acteurs de la société civile. Le politologue Moussa Njoya a critiqué la présence d’imams à cette assemblée, notant que dans d’autres pays majoritairement musulmans, les débats politiques sont souvent conduits par des figures religieuses, non par des chefs traditionnels. Cette observation suggère la nécessité d’une redéfinition des rôles au sein du paysage politique camerounais. Comment ces chefs peuvent-ils jongler entre leurs fonctions ancestrales et les exigences d’une démocratie moderne ?
Par ailleurs, des figures politiques, telles que Parfait Mbvoum, encouragent les citoyens à rejeter les chefs qui soutiennent une nouvelle candidature de Paul Biya. Ce mouvement reflète une volonté croissante de la société civile de s’affirmer face à des autorités traditionnelles souvent perçues comme des complices d’un régime établi. Ainsi, les chefs, jadis médiateurs et stabilisateurs, se trouvent au cœur d’un débat sur leur pertinence actuelle.
Les critiques envers les chefs traditionnels soulèvent également l’urgence d’une réforme de leurs rôles et responsabilités. Alors que le Cameroun se confronte à des défis politiques, économiques et sociaux importants, la capacité de ces leaders à catalyser un changement positif devient primordiale.

Perspectives d’avenir et enjeux de légitimité
Les récents événements soulèvent des questions essentielles concernant l’avenir des chefs traditionnels au Cameroun. Leur soutien à Paul Biya pourrait être interprété comme une approbation, mais pourrait également provoquer un rejet de leur autorité par une population désillusionnée. Dans un environnement politique complexe, leur influence est mise à l’épreuve par des mouvements sociaux et des appels au changement.
Des voix comme celle de David Eboutou plaident pour un changement radical. Il dénonce les chefs traditionnels, accusés de « tuer la substance éthique et axiologique » de la culture. Cette critique met en évidence l’urgence d’une réflexion sur leur rôle dans la société camerounaise. Ces leaders doivent se réinventer, se positionnant non plus comme de simples soutiens à un régime, mais en tant que véritables représentants des intérêts de leurs communautés.
Pour conclure, l’influence des chefs traditionnels sur le paysage politique camerounais se révèle au cœur de débats passionnés. Leur soutien à Paul Biya pose des questions de légitimité qui méritent une attention particulière. Réfléchir à comment ces leaders peuvent s’adapter aux nouvelles réalités politiques sera crucial pour leur avenir et celui du Cameroun dans son ensemble.