Affirmations de Félix Tshisekedi devant le corps diplomatique
Kinshasa, 18 janvier 2025 – Lors d’une rencontre ce matin avec le corps diplomatique accrédité en République démocratique du Congo (RDC), le président Félix Tshisekedi a tenu à rassurer la communauté internationale sur l’état des droits de l’homme dans son pays. Une déclaration particulièrement marquante a retenu l’attention : « Depuis mon accession au pouvoir, aucune exécution n’a été menée en République démocratique du Congo. »

Alors que la peine de mort est encore inscrite dans le droit pénal congolais, cette déclaration renforce l’image d’un gouvernement qui, malgré les défis sécuritaires colossaux, cherche à aligner ses pratiques avec les normes internationales. Le chef de l’État a réitéré son engagement à œuvrer pour un moratoire effectif sur la peine capitale, un sujet sensible dans un pays confronté à des conflits armés, des crimes graves, et une pression populaire parfois favorable à des mesures punitives exemplaires.
Un héritage juridique en suspens

La peine de mort, bien que présente dans le Code pénal congolais, n’a pas été appliquée depuis près de deux décennies, selon les données officielles. Cependant, elle reste un outil symbolique, souvent utilisé comme argument dissuasif dans des affaires de terrorisme ou de haute trahison. Les organisations de défense des droits de l’homme, comme Amnesty International, appellent régulièrement à son abolition, qualifiant son maintien d’« archaïque et contraire aux principes fondamentaux de la dignité humaine. »
Félix Tshisekedi, dans son intervention, a reconnu les critiques, mais a rappelé la complexité de la question dans un pays aux réalités sociopolitiques particulières. « Nous héritons d’un système judiciaire qui doit encore se réformer profondément, mais l’État ne saurait s’ériger en acteur de la mort », a-t-il martelé.
Vers une abolition définitive ?

L’annonce du président intervient alors que la RDC envisage de ratifier des conventions internationales visant à abolir définitivement la peine capitale. Certains observateurs y voient une stratégie pour améliorer l’image du pays sur la scène internationale, notamment en cette période où Kinshasa joue un rôle clé dans des initiatives régionales pour la paix et la stabilité.
Cependant, l’opinion publique reste divisée. Dans les rues de Kinshasa, les réactions oscillent entre scepticisme et soutien. « Il parle bien, mais les criminels qui massacrent dans l’Est méritent la peine de mort », s’indigne un commerçant du marché central. À l’opposé, un étudiant en droit applaudit la démarche : « Nous devons prouver que nous sommes une nation civilisée, tournée vers l’avenir. »
Un enjeu politique et moral
Pour Tshisekedi, cet engagement dépasse la simple diplomatie. Il s’inscrit dans une volonté affichée de réformer un État souvent critiqué pour son manque de transparence et ses violations des droits humains. Cette annonce intervient à un moment charnière, alors que la RDC se prépare à des échéances électorales et que le président joue la carte d’une gouvernance plus humaniste et résolument tournée vers le respect des droits fondamentaux.
Si les paroles du chef de l’État marquent un pas symbolique important, la véritable question reste celle de leur traduction en actes concrets. Une abolition légale de la peine de mort, accompagnée d’une réforme du système judiciaire, constituerait un tournant historique pour la RDC.
En attendant, la déclaration de Félix Tshisekedi ce matin est un message clair : l’heure n’est pas au sang, mais à la construction d’un État de droit. Reste à savoir si cette posture tiendra face aux vents contraires de la politique nationale.


