Par Prince Bertoua, le 16 janvier 2025
En Côte d’Ivoire, la justice a confirmé mercredi 15 janvier les condamnations en appel de deux figures majeures du mouvement d’opposition Générations et Peuples Solidaires (GPS), dirigé par l’ancien Premier ministre Guillaume Soro. Mamadou Traoré et Kando Soumahoro, respectivement proches collaborateurs de l’ex-chef du Parlement, ont vu leurs peines de deux ans de prison ferme maintenues dans deux dossiers distincts.
Des condamnations aux motifs controversés
Mamadou Traoré, conseiller spécial de Guillaume Soro, a été reconnu coupable pour des faits qualifiés par l’accusation de « trouble à l’ordre public » et « incitation à la désobéissance civile ». Ces charges sont liées à des déclarations jugées subversives, tenues en amont des élections controversées de 2020. De son côté, Kando Soumahoro a été condamné pour « atteinte à la sûreté de l’État », à la suite de publications sur les réseaux sociaux dénonçant la gouvernance du président Alassane Ouattara.
Les avocats de la défense dénoncent un procès politique. « Ces décisions traduisent une instrumentalisation de la justice pour réduire au silence les voix critiques. Nos clients sont des prisonniers d’opinion », a déclaré Me Affoussiata Bamba-Lamine, avocate de renom et membre du GPS.
Le GPS face à une pression constante
Depuis son exil en Europe, Guillaume Soro, leader du GPS, fait face à une avalanche de poursuites judiciaires. Son mouvement, perçu comme une menace par le régime en place, subit un harcèlement croissant, selon plusieurs observateurs internationaux. La condamnation de Traoré et Soumahoro s’inscrit dans une série de mesures judiciaires et politiques visant à museler l’opposition.
Pour les partisans du pouvoir, ces décisions judiciaires reflètent une nécessité de préserver l’ordre et la stabilité dans un pays encore marqué par les tensions post-électorales de 2010-2011. Mais pour l’opposition et les ONG de défense des droits humains, elles traduisent un recul démocratique préoccupant.
Une pression internationale grandissante
La communauté internationale, déjà critique vis-à-vis du climat politique en Côte d’Ivoire, observe avec inquiétude cette nouvelle confirmation judiciaire. Des organisations comme Amnesty International et Human Rights Watch ont récemment tiré la sonnette d’alarme sur le rétrécissement de l’espace démocratique dans le pays.
Alors que la présidentielle de 2025 approche, ces condamnations pourraient exacerber les tensions entre le pouvoir et une opposition déterminée à faire entendre sa voix, malgré les entraves.
Une opposition déterminée
Malgré les défis, le GPS promet de poursuivre son combat politique. Dans une déclaration publiée après le verdict, Guillaume Soro a dénoncé « une parodie de justice » et appelé ses partisans à ne pas céder face à ce qu’il qualifie de « persécutions dignes d’un régime autoritaire ».Avec ces condamnations confirmées, la Côte d’Ivoire s’engage sur un chemin semé d’incertitudes, où les équilibres fragiles entre démocratie, justice et stabilité risquent d’être encore plus éprouvés.