jeudi 16 janvier 2025
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Déification des leaders: Un danger démocratique.

Déification des leaders politiques au Cameroun : enjeux de responsabilité et de transparence

Une idolâtrie nuisible à la démocratie

La déification des leaders politiques au Cameroun, en particulier celle de Paul Biya, constitue un défi majeur pour la responsabilité et la transparence dans le paysage politique. Cette idolâtrie façonne les dirigeants en figures presque sacrées, entravant toute évaluation critique de leur gouvernance. Salomon Beas, militant du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), met en lumière cet effet corrosif. Selon lui, une véritable direction exige du courage et une honnêteté sur les limites personnelles, plutôt qu’un messianisme qui invite la population à une passivité inquiétante.

Cette opinion trouve écho chez d’autres critiques, incluant Jean-Pierre Bekolo, qui dénonce l’idée qu’un seul homme puisse perpétuellement gérer l’intérêt commun. Ce n’est pas seulement une question de sagesse, mais également de justice envers le peuple. Il appelle à un renouvellement du leadership, soulignant que gouverner implique d’admettre ses limites et d’accueillir de nouvelles idées. De fait, la déification des leaders freine le débat démocratique et empêche l’émergence de nouvelles voix et perspectives.

Cette critique est renforcée par des intervenants comme Georges Alain Boyomo, qui pointe les dangers du syndrome d’hubris observé chez certaines élites. L’absence de véritables contre-pouvoirs entraîne un narcissisme maladif et une invulnérabilité perçue. Dans ce contexte, la déification se transforme en un obstacle à la transparence, car elle engendre un cadre où les décisions se prennent sans aucune responsabilité envers le peuple.

Les conséquences sur la gouvernance et la société

Les répercussions de cette déification sont diverses et préoccupantes. Elle engendre une culture de l’impunité où certains dirigeants se croient au-dessus des lois. Denis Emilien Atangana, président du Front des Démocrates Camerounais (FDC), souligne qu’un certain nombre de leaders freinent la participation électorale, témoignant d’un mépris envers les enjeux démocratiques. Cette position vis-à-vis du civic engagement est un signe clair de volonté de maintenir le statu quo.

Parallèlement, cette déification engendre une crise de confiance entre le peuple et ses gouvernants. Shanda Tonme, président de la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination (COMICODI), constate avec amertume l’absence de grâce présidentielle depuis une décennie. Ce vide traduit un manque de compassion qui exacerbe le ressentiment des Camerounais, amplifiant leur frustration face à des dirigeants qui semblent déconnectés de leurs besoins.

Enfin, la déification des leaders peut engendrer une désillusion généralisée. Selon Fridolin Nke, cette attitude nourrit le mépris envers des élites qui, en soutenant un régime autocratique, détournent la responsabilité des défis actuels. Ce décalage crée un abîme entre les dirigeants et le peuple, rendant difficile l’établissement d’un dialogue constructif sur l’avenir du pays.

Vers une prise de conscience collective

Face à ces défis, il devient crucial de favoriser une prise de conscience collective parmi les Camerounais. Des voix comme celles de Calixthe Beyala et Valère Bessala exhortent à un changement profond des mentalités. Beyala parle d’une panique au sein du pouvoir devant l’idée d’un changement, alors que Bessala s’interroge sur l’intégrité des dignitaires ecclésiastiques qui dénoncent la mauvaise gouvernance tout en demeurant muets.

Il est donc essentiel que les citoyens réalisent leur rôle dans le processus démocratique. Salomon Beas insiste sur l’importance de s’éduquer sur l’histoire politique du pays, afin de devenir des acteurs éclairés. Cette éducation politique est clé pour combattre la tendance à la déification et pour encourager une culture de responsabilité.

En somme, la déification des leaders politiques au Cameroun soulève d’importantes questions sur la responsabilité et la transparence en matière de gouvernance. Pour envisager un futur meilleur, il convient de remettre en cause cette idolâtrie et d’encourager l’engagement des citoyens. Cette réflexion sur les enjeux pourrait ouvrir la voie à une transformation politique et sociale authentique, permettant au Cameroun de s’orienter vers un avenir plus responsable et transparent.

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