Enjeux et défis des élections au Gabon
Contexte historique et politique
La transition politique engagée au Gabon suite au coup d’État du 30 août 2023 marque une période de profonds bouleversements. Ce bouleversement a mis fin à des décennies de domination par la dynastie Bongo, souvent accompagnées d’accusations de corruption et de violations des droits humains. Les récents développements, dont la promulgation d’une nouvelle Constitution le 19 décembre 2024, visent à établir un cadre juridique pour des élections libres et transparentes. Pourtant, la méfiance persistante envers les institutions politiques demeure un obstacle significatif à cette transition.
Les élections prévues en 2025 représentent un tournant pour le pays. Elles doivent non seulement restaurer la démocratie, mais également répondre aux attentes d’une population lassée par des décennies de promesses non tenues. Le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition, a exprimé son engagement à organiser des élections transparentes, mais des doutes subsistent quant à l’aptitude des nouvelles institutions à garantir l’intégrité du processus électoral.
Réformes électorales et cadre juridique
Le projet de loi sur le Code électoral, qui sera débattu lors d’une session extraordinaire du Parlement du 10 au 20 janvier 2025, constitue le cœur des réformes essentielles. Ce projet introduit des mesures notables, notamment la création de l’Autorité de Contrôle et de Supervision des Élections et du Référendum (A.C.S.E.), chargée de superviser les opérations électorales et d’assurer leur impartialité. Par ailleurs, des quotas pour les femmes (30 %) et les jeunes (20 %) sur les listes de candidats témoignent d’un engagement pour une plus grande inclusion.
Néanmoins, la révision du fichier électoral programmée du 2 au 31 janvier 2025 suscite des préoccupations. Certains, comme Ali Akbar Onanga, annoncent que cette révision pourrait être illégale, reposant sur une loi en cours de révision. Cette situation remet en question la légitimité du processus et soulève des inquiétudes quant à la persistance de pratiques électorales peu transparentes. Un cadre légal renouvelé est ainsi crucial pour assurer la transparence des élections à venir.
Participation citoyenne et confiance dans les institutions
La participation active des citoyens est primordiale pour garantir le succès des élections libres et transparentes. Le président Oligui Nguema a incité les Gabonais à s’inscrire massivement sur les listes électorales, soulignant que la révision du fichier est une responsabilité collective. Cependant, la méfiance persiste. Les traumatismes des abus passés et des fraudes élections alimentent le scepticisme de la population.
Pour restaurer la confiance, il est impératif que les autorités de transition fassent preuve de leur engagement envers la transparence. Cela impliquera une mise en œuvre rigoureuse des réformes électorales, une accès équitable aux médias et une moralisation de la vie politique. Créer un climat de confiance est vital pour encourager la participation citoyenne et garantir que les résultats soient acceptés par tous.
Conclusion et perspectives d’avenir
Les enjeux et défis des élections libres et transparentes au Gabon sont multiples et complexes. Ils nécessitent une approche intégrée combinant réformes juridiques solides, participation active des citoyens et engagement des autorités. La réussite de cette transition politique dépendra de la capacité des nouvelles institutions à établir un cadre électoral crédible et à restaurer la confiance du peuple gabonais.
Alors que le Gabon se prépare à ces élections cruciales, une question persiste : les réformes en cours seront-elles suffisantes pour garantir une véritable transition démocratique, ou le pays est-il condamné à retomber dans les travers du passé ? Les mois à venir seront déterminants pour l’avenir politique du Gabon.