Réhabilitation des terres : clé de la sécurité alimentaire en RDC
Contexte et enjeux de la dégradation des terres
La République Démocratique du Congo (RDC) regorge de ressources naturelles. Pourtant, elle fait face à d’inquiétants défis environnementaux, notamment la dégradation des terres. Cette problématique résulte de l’agriculture intensive, de la déforestation et d’une exploitation non durable des ressources. En conséquence, des millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire, comptant sur une agriculture de subsistance insuffisante.
La province de la Tshopo illustre magistralement cette crise. Là-bas, la dégradation des terres impacte directement la capacité des agriculteurs à produire une quantité suffisante de nourriture. Dans ce contexte, la réhabilitation des terres dégradées devient essentielle, non seulement pour restaurer les écosystèmes, mais aussi pour assurer la sécurité alimentaire des communautés locales.
Le Programme de mise en valeur des savanes et forêts dégradées (PSFD), sous la direction de Willy Makiadi Mbunzu, est une réponse novatrice à ce défi. En l’espace de deux ans et demi, ce programme a permis de réhabiliter 3 500 hectares de terre, transformant le paysage agricole de la région. Il prouve que des solutions durables existent pour contrer la dégradation des terres tout en soutenant l’économie locale.
Pratiques agroforestières et agroécologiques : un modèle à suivre
Les pratiques agroforestières et agroécologiques, intégrées dans le PSFD, jouent un rôle central dans la réhabilitation des terres. En associant cultures vivrières, comme le maïs, à des cultures pérennes telles que le cacao, le café et le palmier à huile, les agriculteurs diversifient leurs sources de revenus tout en préservant la qualité des sols. Élysée Angbongi, une paysanne de 38 ans, témoigne : « Auparavant, nous avions du mal à nourrir nos familles. Désormais, nos récoltes sont abondantes et nous pouvons vendre nos produits sur le marché. »
Cette évolution vers une agriculture durable renforce la résilience des communautés face aux aléas climatiques. Les pratiques agroécologiques favorisent la biodiversité et améliorent la structure des sols, garantissant ainsi une productivité à long terme.
La gestion responsable des ressources forestières est également essentielle pour prévenir la déforestation. Ce processus contribue à la durabilité de l’agriculture et à la préservation des écosystèmes, deux éléments cruciaux pour la sécurité alimentaire. La synergie entre agriculture et conservation constitue un enjeu fondamental pour l’avenir de la RDC.
Implications pour la sécurité alimentaire et l’économie locale
La réhabilitation des terres dégradées a des implications profondes pour la sécurité alimentaire en RDC. En améliorant les rendements agricoles, elle réduit la dépendance aux importations alimentaires et renforce l’autonomie des communautés. Par ailleurs, en créant des opportunités économiques, le PSFD dynamise l’économie locale, offrant ainsi des perspectives d’avenir aux jeunes et aux femmes, souvent les plus touchés par l’insécurité alimentaire.
Les résultats du programme démontrent que la réhabilitation des terres peut être un puissant levier de lutte contre la pauvreté. En promouvant une agriculture durable, les agriculteurs peuvent non seulement subvenir à leurs besoins, mais aussi investir dans l’éducation et la santé de leurs familles. Ce cercle vertueux favorise à la fois la sécurité alimentaire et le développement économique.
En somme, la réhabilitation des terres dégradées en RDC est cruciale pour assurer la sécurité alimentaire et soutenir l’économie locale. Elle offre une occasion unique de transformer des défis environnementaux en atouts pour le développement durable. Toutefois, il est impératif que cette dynamique soit renforcée par des politiques publiques favorables et des investissements en agriculture durable.
Alors que la RDC se trouve à un carrefour décisif, une question se pose : comment les autres régions du pays peuvent-elles s’inspirer de l’exemple de la Tshopo ? Quelles politiques doivent être adoptées pour garantir que la réhabilitation des terres devienne un mouvement national en faveur de la sécurité alimentaire et de la durabilité ?