Mesures de sécurité pour les chauffeurs de camions
Contexte de l’insécurité routière
Le corridor Douala-Bangui, qui relie le Cameroun à la République Centrafricaine (RCA), traverse une période d’insécurité alarmante. Les chauffeurs de camions, acteurs clefs du commerce entre ces deux nations, sont désormais exposés à des menaces violentes, dont les attaques de gangs armés. Le meurtre tragique de Mohamadou Awal, un transporteur camerounais, le 18 novembre 2024, a exacerbé la crainte parmi les chauffeurs, entraînant un refus de reprendre la route sans escorte militaire.
Ce climat de danger a conduit les autorités camerounaises et centrafricaines à agir rapidement. El Hadj Oumarou, directeur du bureau des transports terrestres au Cameroun, a mis en lumière les exigences des chauffeurs en matière de sécurité. Les discussions entre les deux gouvernements ont donc été intensifiées, visant à établir des mesures concrètes pour garantir la protection des transporteurs.
Engagements des gouvernements
Le 2 décembre 2024, une rencontre cruciale a eu lieu entre Jean Ernest Masséna Ngallè Bibéhè, ministre des Transports du Cameroun, et Herbert Gontran Djono Ahaba, ministre des Transports et de l’Aviation civile de la RCA. Ensemble, ils ont échangé sur plusieurs mesures destinées à renforcer la sécurité des chauffeurs. Parmi les neuf points abordés, cinq concernaient directement la sécurité, notamment l’escorte des personnes et des biens, ainsi que la sécurisation des itinéraires empruntés par les camions.
Les ministres se sont engagés à organiser des convois militaires pour protéger les chauffeurs circulant en RCA. Cette initiative vise à minimiser les risques d’attaques. Par ailleurs, une meilleure coordination entre les forces de sécurité des deux pays est prévue pour une réponse rapide face aux incidents violents.
Le ministre Ahaba a également mentionné que l’armée centrafricaine a localisé des camions abandonnés, bien que les modalités de leur restitution restent encore à définir. Ces actions témoignent d’une volonté politique forte de la part des gouvernements pour garantir la libre circulation des biens et des personnes, conformément aux directives des Chefs d’États de la CEMAC.
Réactions et perspectives d’avenir
Les mesures de sécurité prévues ont suscité des réactions variées. Cabral Libii, président du Parti Camerounais pour la Réconciliation nationale (PCRN), s’est dit attristé par la mort de Mohamadou Awal et a demandé une enquête indépendante sur les circonstances de ce meurtre. Il a également suggéré que les convois de transport soient escortés par des forces mixtes, soulignant l’importance d’une protection améliorée pour les chauffeurs.
Les discussions en cours entre les gouvernements et les syndicats de transporteurs demeurent essentielles pour créer un cadre de sécurité durable. Une descente sur le terrain est prévue pour rencontrer les responsables syndicaux et finaliser les mesures de sécurité. Cette approche collaborative pourrait restaurer la confiance des chauffeurs et relancer les activités commerciales entre le Cameroun et la RCA.
À long terme, l’efficacité de ces mesures reposera sur la volonté politique des deux gouvernements et leur capacité à maintenir un dialogue ouvert avec les chauffeurs. Garantir la sécurité des transporteurs doit devenir une priorité, non seulement pour préserver des vies, mais aussi pour assurer la stabilité économique de cette région vulnérable.