lundi 23 décembre 2024
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Nouvelle Constitution : Vers une dérive autoritaire au Togo?

Conséquences de la nouvelle Constitution sur la démocratie au Togo

Un changement de paradigme politique

Adoptée en avril 2024, la nouvelle Constitution du Togo représente un tournant majeur dans le paysage politique du pays. En remplaçant l’élection du chef de l’État au suffrage universel par un régime parlementaire, ce texte transforme profondément la dynamique du pouvoir. Beaucoup y voient une manœuvre astucieuse du président Faure Gnassingbé pour renforcer son emprise sur le pays, lui qui est au pouvoir depuis 2005.

Le Togo a longtemps connu des périodes de tensions politiques. Les élections présidentielles de 2020 avaient déjà soulevé des interrogations sur leur transparence et leur légitimité. Avec cette nouvelle législation, le pouvoir d’élection du président est transféré aux députés et sénateurs. Cela questionne la représentativité des élus et diminue la capacité du peuple à influer sur les choix politiques. Le professeur Jean-Pierre Fabre, expert en sciences politiques, avertit que ce changement pourrait éroder la légitimité du gouvernement, de plus en plus perçu comme éloigné des préoccupations des citoyens.

Par ailleurs, le rôle du président, désormais symbolique, pourrait engendrer un vide de pouvoir. En effet, le véritable exécutif serait exercé par le Président du Conseil, leader du parti majoritaire. Cette situation suscite des inquiétudes concernant la séparation des pouvoirs et l’équilibre institutionnel, deux éléments fondamentaux d’une démocratie saine.

Les implications des élections sénatoriales de 2025

Les élections sénatoriales prévues pour le 2 février 2025 représentent un moment clé dans cette refonte constitutionnelle. Elles détermineront la composition du Congrès chargé d’élire le futur président du Togo. Avec 108 des 113 sièges remportés lors des élections législatives d’avril 2024 par le parti UNIR, la pluralité politique s’en trouve menacée.

Les critiques de l’opposition et de la société civile craignent la création d’un système verrouillé, où le parti au pouvoir dominerait toutes les institutions. De plus, la restriction des manifestations depuis 2022 a limité la capacité de l’opposition à mobiliser le soutien populaire, rendant la contestation des résultats électoraux particulièrement difficile. Ainsi, les élections sénatoriales risquent de n’être qu’une formalité, renforçant l’idée d’une démocratie de façade.

L’Organisation des Nations Unies et d’autres observateurs internationaux expriment des préoccupations quant à la transparence de ces élections. Il existe un risque que le processus électoral manque d’inclusivité, empêchant une représentation équitable des diverses voix de la société togolaise.

Réactions et perspectives d’avenir

Les réactions à la nouvelle Constitution et aux élections sénatoriales à venir varient considérablement. Certains pensent que ces changements pourraient apporter la stabilité politique nécessaire, en favorisant un gouvernement plus efficace. À l’inverse, de nombreux acteurs de la société civile et de l’opposition dénoncent une dérive autoritaire menacant les avancées démocratiques des dernières décennies.

Des experts comme la chercheuse Aïcha Kone affirment que la véritable démocratie ne se résume pas simplement à des élections. Elle implique une participation citoyenne active et le respect des droits fondamentaux. Dans ce cadre, la situation au Togo pourrait devenir emblématique des défis rencontrés par les démocraties émergentes en Afrique.

À l’approche des élections sénatoriales, une question demeure : le Togo se dirige-t-il vers une véritable démocratisation ou s’enlise-t-il dans une régression politique ? Les semaines à venir seront déterminantes pour observer les réactions des acteurs politiques et de la société civile face à cette nouvelle ère constitutionnelle.

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