Désengorgement des prisons camerounaises : enjeux et mesures

Contexte de la surpopulation carcérale
La surpopulation carcérale au Cameroun est alarmante. Les prisons accueillent souvent entre 150 et 200 % de leur capacité. Cette situation soulève des inquiétudes non seulement sur les droits humains, mais aussi sur la sécurité publique.
Le système pénitentiaire souffre d’un manque d’infrastructures adaptées. Construites pour un nombre limité de détenus, ces prisons gèrent des populations bien plus importantes. Les longues procédures judiciaires contribuent à cette situation, prolongeant la détention préventive de nombreux individus.
Les conséquences sont graves. Les conditions de vie des détenus se dégradent, limitant leur accès aux soins médicaux, à une alimentation suffisante et à des activités récréatives. Ce climat devient propice à la violence et à des tensions entre les détenus, rendant les établissements encore plus instables.

Mesures annoncées pour désengorger les prisons
Face à cette crise, le Premier ministre Joseph Dion Ngute a dévoilé un programme ambitieux pour désengorger les prisons. Lors de la présentation du Programme économique, financier, social et culturel du Cameroun pour 2026, il a annoncé des projets de construction, de réhabilitation et d’extension d’établissements pénitentiaires, notamment à Akonolinga, Ambam, Poli et Tignère.
Ces initiatives visent à ajouter 1 500 places de détention, une mesure essentielle face à la surpopulation actuelle. En parallèle, le gouvernement s’engage à améliorer les conditions de vie en modernisant les infrastructures, notamment les installations sanitaires et l’accès à l’eau potable. Des espaces de travail et de loisirs sont aussi prévus.
Bien que saluées par des experts en droit pénal, ces initiatives ne suffisent pas. Le professeur Jean-Claude Mboua souligne que « la construction de nouvelles infrastructures doit être accompagnée d’une réforme globale du système judiciaire » pour réduire le nombre de personnes en détention préventive. Cela inclut une réévaluation des lois et une meilleure formation des acteurs judiciaires.

Défis et perspectives d’avenir
Malgré ces mesures prometteuses, plusieurs défis restent à surmonter. La réussite des projets dépendra des financements et de la volonté politique d’un engagement à long terme. Une question demeure : comment éviter que les nouvelles places ne soient rapidement occupées par de nouveaux détenus ?
Un défi majeur est la nécessité d’une réforme systémique. Les experts insistent sur le fait que la surpopulation ne peut être résolue simplement par l’augmentation des places. Il est essentiel d’explorer des alternatives à l’incarcération, comme les peines de substitution, la médiation ou les programmes de réhabilitation.
En somme, le Cameroun se trouve à un carrefour décisif. Les mesures gouvernementales sont un pas dans la bonne direction, mais elles doivent s’accompagner d’une réflexion plus large sur le système judiciaire et les droits humains. Le pays saisira-t-il cette opportunité pour transformer son système pénitentiaire et garantir des conditions de détention dignes pour tous ?


