Critiques de l’ENAM et défis de la réforme au Cameroun

Une institution contestée : l’ENAM sous le feu des critiques
Christian Penda Ekoka, une figure emblématique du mouvement citoyen camerounais, a récemment fustigé l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM). Lors d’une interview marquante en 2017, il a désigné l’ENAM non pas comme un modèle d’excellence, mais comme un centre de corruption et de népotisme. Ces accusations ont été renforcées par l’annulation récente des résultats d’admissibilité par Michel Ange Angouing, le Ministre de la Fonction publique, suite à des manquements dans l’organisation des concours administratifs.
Cette situation pose une question cruciale : quelle est l’intégrité de cette institution ? Malgré ses cinquante ans d’existence, le profil de ses diplômés est souvent entaché de pratiques douteuses. Selon Penda Ekoka, ces fonctionnaires ne sont pas des innovateurs, mais plutôt des chercheurs de sinécures, aux dépens des contribuables. Cela impacte sévèrement l’image de l’administration publique au Cameroun.
En plaçant l’ENAM côte à côte avec l’École nationale d’administration (ENA) de Paris, il révèle que le contexte socio-économique du Cameroun, imprégné de laxisme et de corruption, freine la qualité de l’enseignement. Autrefois symbole d’élan, les diplômés semblent désormais reproduire des schémas qui entravent le développement du pays.

Les conséquences d’une formation défaillante
Les critiques de Penda Ekoka ne se contentent pas de simples observations ; elles se fondent sur une analyse approfondie des répercussions de la formation offerte par l’ENAM. Les crises économiques traversées par le Cameroun sont en partie le résultat des décisions prises par ses diplômés. Engagés dans des affaires douteuses, ils ont sapé la confiance du public envers l’administration.
Cette formation défaillante conduit à une gouvernance chaotique, où les lois semblent servir avant tout les intérêts personnels de quelques fonctionnaires. Penda Ekoka expose un cercle vicieux : la corruption nourrit une mauvaise gestion, laquelle, en retour, favorise davantage la corruption. Un phénomène préoccupant, surtout dans un pays à ressources limitées, dont la population attend des services publics de qualité.
Les alarmes tirées par Penda Ekoka font écho à celles exprimées par d’autres membres de la société civile et acteurs politiques. Même le Président Paul Biya a, lors des célébrations du cinquantième anniversaire de l’ENAM en 2009, reconnu les insuffisances de l’institution, appelant à une réflexion urgente en matière de réformes. Cette prise de conscience tardive met en relief l’impératif d’une transformation radicale de l’administration publique au Cameroun.

Les défis de la réforme de l’administration publique
La réforme de l’administration publique au Cameroun se heurte à des défis majeurs. Premièrement, il est crucial de combattre la corruption et le népotisme qui gangrènent les institutions. Cela exige une volonté politique déterminée et des mécanismes de contrôle rigoureux pour assurer la transparence et la responsabilité de ceux qui exercent des fonctions publiques.
Parallèlement, il faut repenser le système de formation des futurs cadres. L’ENAM doit évoluer en un véritable incubateur de leaders compétents et éthiques, prêts à répondre aux grands enjeux contemporains. Cela implique une révision des programmes d’études, l’intégration de formations sur l’éthique et la responsabilité sociale, ainsi que des stages pratiques dans des environnements réels.
Enfin, des efforts de sensibilisation du public sont nécessaires concernant les droits et les devoirs envers l’administration. Une population informée constitue un atout précieux dans la lutte contre la corruption, capable d’exiger des comptes et d’interagir activement dans la gouvernance. Les défis sont considérables, mais les possibilités de changement sont tout aussi nombreuses. Comment le Cameroun peut-il transformer ces critiques en actions concrètes pour bâtir une administration publique digne de ce nom ?


