Une condamnation sans précédent
Le 12 novembre dernier, la Cour criminelle spécialisée de Libreville a rendu un verdict marquant pour la justice gabonaise : Sylvia Bongo Valentin et son fils Noureddin Bongo Valentin ont été condamnés, par contumace, à vingt ans de réclusion criminelle. Ce jugement lourd s’est déroulé au terme d’un procès retransmis en direct sur les chaînes nationales, une première qui a donné à cette affaire un niveau de transparence rarement atteint dans le pays.
Un procès suivi par tout un peuple

Pendant plusieurs jours, les Gabonais ont observé, minute par minute, les auditions, les déclarations et les révélations des co-accusés. Cette retransmission intégrale a mis en lumière ce que la justice décrit comme un vaste système de captation de l’argent public au profit d’intérêts privés, imputé au clan Bongo, qui a dominé le pouvoir pendant plus d’un demi-siècle.
Les chefs d’accusation

La cour, présidée par Jean Mexant Essa Assoumou, a retenu des infractions particulièrement graves.
Pour Sylvia Bongo : recel et détournement de fonds publics, blanchiment de capitaux, instigation au faux et usurpation de fonds.
Pour Noureddin Bongo : détournement de deniers publics, concussion, usurpation de titres et de fonction, blanchiment aggravé de capitaux et association de malfaiteurs.
Un procès transparent, difficilement contestable

Plus encore que le verdict, c’est la méthode adoptée qui marque un tournant. En diffusant l’intégralité des audiences, l’État a voulu empêcher toute accusation de manipulation ou de procès politique. Le pays a assisté, sans filtre, au déroulement de la justice, consolidant la crédibilité du processus.
Une nouvelle ère judiciaire ?

Cette transparence, rare dans la sous-région, redéfinit les standards de reddition des comptes et s’inscrit dans une volonté affichée de rupture avec les pratiques du passé. Bien que Sylvia et Noureddin Bongo se trouvent en exil à Londres, le Gabon n’a rien manqué de leur procès.
Reste une question majeure : ce 12 novembre marque-t-il l’acte fondateur d’un État de droit renforcé, ou constitue-t-il une étape spectaculaire dans la recomposition du pouvoir judiciaire ?
Une certitude s’impose : la retransmission en direct a fermé la porte à toute contestation. La justice s’est rendue sous le regard de millions de citoyens et c’est peut-être là la véritable révolution.


