Parallèles entre les crises politiques du Cameroun et de la Côte d’Ivoire

Contexte historique des crises politiques
La crise politique actuelle au Cameroun est marquée par des tensions croissantes. Les accusations de fraude électorale évoquent les événements de la Côte d’Ivoire en 2010. À cette époque, le pays était en proie à une crise sans précédent après le second tour de l’élection présidentielle. Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara s’affrontaient dans une lutte pour le pouvoir. Le Conseil constitutionnel, perçu comme biaisé, avait déclaré Gbagbo vainqueur, déclenchant une guerre civile. Des milliers de vies ont été perdues.
Aujourd’hui, Issa Tchiroma Bakary, président du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc), dénonce le rôle d’un Conseil constitutionnel qu’il juge tout aussi partisan. À la suite des élections du 12 octobre 2025, Paul Biya a été proclamé vainqueur. Cependant, Tchiroma affirme que ces résultats ne reflètent pas la volonté populaire, une préoccupation qui rappelle les revendications d’Ouattara à l’époque. Cette analogie met en lumière une inquiétante similarité dans la gouvernance des deux pays : des institutions supposées garantir la justice électorale apparaissent comme des outils au service du pouvoir.

Les revendications de Tchiroma et les échos de 2010
Tchiroma, ayant obtenu 35 % des voix selon les résultats officiels, continue de revendiquer sa victoire. Il annonce une « troisième étape » dans son combat pour la vérité des urnes, promettant de mettre fin à l’impunité à Yaoundé. Sa détermination rappelle les actions d’Ouattara, qui avait mobilisé ses partisans pour contester une proclamation similaire de défaite. Les deux leaders se rejoignent dans leur vision d’une légitimité politique basée sur la volonté populaire, mais se heurtent à des institutions qui semblent embourbées dans un statu quo.
Les déclarations de Tchiroma appelant à rendre des comptes aux dirigeants en place résonnent avec les cris de justice qui s’étaient fait entendre en Côte d’Ivoire après 2010. Les conséquences de cette crise avaient été dévastatrices, avec des violations massives des droits de l’homme et une véritable fracture de la société. Dès lors, la question se pose : le Cameroun est-il sur une voie similaire, avec des répercussions potentiellement désastreuses pour sa stabilité ?

Les implications pour l’avenir du Cameroun
La situation actuelle au Cameroun soulève des interrogations cruciales sur son avenir politique. Si les revendications de Tchiroma et de ses partisans restent ignorées, une escalade des tensions pourrait survenir, similaire à celle vécue en Côte d’Ivoire. Les experts s’accordent sur l’importance d’une résolution pacifique des conflits pour éviter une crise majeure. Le rôle des acteurs internationaux, tels que l’Union africaine et les Nations Unies, pourrait s’avérer déterminant dans la médiation de ce conflit.
Par ailleurs, la mobilisation croissante de la société civile et des jeunes, qui s’affirment de plus en plus dans la politique camerounaise, pourrait influencer l’issue de cette crise. Les mouvements sociaux observés dans d’autres pays africains montrent que la pression populaire peut conduire à des changements notables au sein des gouvernements. Le Cameroun se trouve donc à un tournant décisif, où le choix entre dialogue et confrontation aura des conséquences profondes sur son futur.
Les événements récents au Cameroun nous rappellent que l’histoire tend à se répéter. Alors que le pays fait face à une crise politique majeure, il est crucial de s’interroger sur les leçons apprises de la Côte d’Ivoire. Comment éviter que le Cameroun ne tombe dans le même piège ? Quelles mesures peuvent être prises pour garantir des élections libres et justes dans l’avenir ? Ces interrogations méritent réflexion alors que le pays se dirige vers une période d’incertitude politique.


