Le président ivoirien Alassane Ouattara a donné, ce samedi 11 octobre, à Daloa, le coup d’envoi de sa campagne électorale pour le scrutin du 25 octobre prochain. Devant des milliers de partisans en liesse, le chef de l’État a choisi un lieu hautement symbolique : Daloa, ancien fief de son rival historique Laurent Gbagbo. Objectif affiché : séduire cet électorat encore attaché à l’ancien président et réaliser un “coup K.O” dès le premier tour.
“Ce que nous voulons, c’est un coup K.O”, scandait la foule, reprise en chœur par les militants du RHDP sous le soleil brûlant puis la pluie battante.
Daloa, un choix hautement stratégique

Le choix de Daloa n’a rien d’anodin. Ville longtemps considérée comme un bastion de la mouvance Gbagbo, elle représente aujourd’hui un terrain de reconquête politique pour Alassane Ouattara. Le président y voit une “Côte d’Ivoire en miniature”, symbole de diversité et de réconciliation.
“Daloa, c’est le cœur de notre pays, le symbole d’une Côte d’Ivoire unie, forte et réconciliée”, a lancé Ouattara sous les applaudissements nourris de la foule.
Sur place, Sydney, correspondant d’AfricaCœurNews, décrit une stratégie claire et assumée :> “En choisissant Daloa, Ouattara cherche à briser les clivages historiques entre le Nord et l’Ouest. Il parle aux électeurs de Gbagbo avec un ton d’apaisement, vantant ses réalisations et promettant un développement équitable pour toutes les régions. C’est une manière de dire : ‘Je suis le président de tous les Ivoiriens’.”
Un discours centré sur le bilan et la continuité

Durant son allocution, Alassane Ouattara a dressé le bilan de ses années au pouvoir, particulièrement dans le Haut-Sassandra. Il a évoqué l’électrification de plus de 100 localités, la réhabilitation de plus de 200 kilomètres de routes et la création de l’Université de Daloa, saluée comme un investissement majeur pour la jeunesse locale.
Le président-candidat a également annoncé la construction d’une autoroute reliant Yamoussoukro à Daloa, projet-phare de la décennie à venir. “Ce sera la voie du développement du centre-ouest”, a-t-il affirmé.
“Nous avons bâti des écoles, des routes, des hôpitaux, et investi dans la jeunesse. Ce travail doit se poursuivre pour garantir la paix et la stabilité de notre pays”, a insisté Ouattara.
Une ferveur populaire malgré les intempéries

Malgré la pluie diluvienne qui s’est abattue sur la ville, la ferveur des partisans n’a pas faibli. Des milliers de sympathisants vêtus de T-shirts orange et blancs, drapeaux à la main, scandaient le nom du président : “ADO, ADO, ADO !”.
Jean-Marc Ah, étudiant de 18 ans, résume l’ambiance :
“On le soutient car il travaille pour les jeunes. Ici, il a construit une université, des routes et des écoles. Il faut qu’il continue.”Pour Sydney, correspondant d’AfricaCœurNews, cette ferveur dépasse la simple fidélité partisane :
“Ce que nous observons à Daloa, c’est une population longtemps marquée par l’ère Gbagbo, mais qui commence à reconnaître le bilan concret d’Ouattara. Beaucoup ici veulent désormais la stabilité et les opportunités économiques plus que les querelles politiques.”
À Abidjan, une opposition réprimée

Pendant que Daloa vibrait au rythme du RHDP, Abidjan a connu une journée tendue. Des manifestations d’opposants au quatrième mandat annoncé ont été dispersées par les forces de l’ordre. Plus de 200 personnes auraient été interpellées, selon plusieurs témoins.
Cette répression illustre le climat électoral tendu entourant la présidentielle. L’ex-président Laurent Gbagbo et l’opposant Tidjane Thiam, tous deux écartés du scrutin pour des raisons judiciaires, dénoncent un verrouillage du processus.
Une bataille politique aux allures de plébiscite

Alassane Ouattara apparaît aujourd’hui comme le grand favori du scrutin du 25 octobre. Face à une opposition affaiblie, le chef de l’État compte s’imposer dès le premier tour. Mais il sait que le succès dépendra aussi de sa capacité à convaincre les électeurs du centre-ouest, jadis fidèles à Gbagbo, désormais partagés entre nostalgie et pragmatisme.
“Ouattara veut leur parler d’avenir, pas du passé”, analyse Sydney. “Il ne cherche pas à effacer Gbagbo, mais à rallier ses anciens électeurs autour de la paix et du développement.”
Un message d’unité nationale

Avant de quitter la tribune, Alassane Ouattara a adressé un dernier message d’unité :
“Je tends la main à tous mes compatriotes, d’où qu’ils viennent. Ensemble, bâtissons la Côte d’Ivoire de demain, dans la paix et la stabilité.”
Daloa restera, sans doute, le point de départ d’une campagne charnière où se jouera bien plus qu’une élection : la bataille pour l’adhésion de tout un peuple, au-delà des clivages d’hier.


