Appréciation du Franc Congolais : Une dynamique complexe
Contexte économique et appréciation récente
Depuis le 25 septembre 2025, le franc congolais (FC) a connu une appréciation notable face au dollar américain (USD), s’établissant à 2 707 FC pour 1 USD. Cette hausse, de 6,7 % depuis le début du mois et excédant 5 % depuis janvier 2025, a été saluée par le vice-Premier ministre de l’Économie, Daniel Mukoko Samba. Il attribue cette amélioration à des mesures gouvernementales, telles que l’augmentation des réserves obligatoires par la Banque centrale du Congo (BCC) et le resserrement des dépenses publiques.
Néanmoins, cette appréciation suscite à la fois espoir et inquiétude. D’un côté, elle pourrait signaler une stabilisation de la monnaie nationale. De l’autre, elle reste précaire, tributaire de nombreux facteurs internes et externes. Le pays affronte un déficit budgétaire de 3 265 milliards de FC dans les huit premiers mois de l’année et souffre d’une baisse des exportations de près de 18 % à fin juillet 2025. Cette réalité met en exergue la vulnérabilité de l’économie congolaise, soulignant l’urgence de réformes structurelles pour soutenir cette appréciation.
Réactions du marché et des consommateurs
Malgré l’appréciation du franc congolais, les prix des biens de consommation demeurent largement stagnants, entraînant le mécontentement des consommateurs. Mme Gisèle Musuluku a exprimé sa frustration, appelant le gouvernement à agir pour que les bénéfices de l’appréciation impactent le coût de la vie. Les cambistes notent que la pénurie de liquidités en FC entrave les opérations de change.
Les critiques affluent, notamment de la coalition Lamuka. Celle-ci dénonce une « chute libre et brutale » du dollar, la qualifiant d’« artificielle, politique et populiste ». Prince Epenge, porte-parole de Lamuka, a insisté sur les effets tangibles de cette appréciation sur le pouvoir d’achat des Congolais, qui continuent de subir des prix élevés pour les produits essentiels. Delly Sesanga, président de l’Envol, renchérit, observant que malgré l’appréciation du FC, les prix des biens de première nécessité n’ont pas baissé.
Perspectives et défis à venir
À l’horizon, les perspectives pour le franc congolais demeurent incertaines. Si cette appréciation résulte d’efforts conjoints du gouvernement et de la Banque centrale, elle dépend aussi de facteurs externes, comme la dévalorisation du dollar américain. Les politiques de la Réserve Fédérale, notamment la réduction des taux directeurs, ont influencé cette tendance. Cependant, des économistes mettent en garde contre le risque de temporalité de cette appréciation, si des réformes structurelles ne sont pas entreprises pour diversifier l’économie congolaise.
Pour qu’elle engendre une amélioration durable du pouvoir d’achat des Congolais, le gouvernement doit adopter des mesures transparentes et responsables. Cela comprend l’amélioration de la production locale, la diminution de la dépendance aux importations et une circulation adéquate de la monnaie locale. Les consommateurs, ressentant toujours les effets de la stagnation des prix, attendent des actions concrètes pour que les bénéfices de l’appréciation du franc se traduisent en une réelle amélioration de leur quotidien.
Alors que le franc congolais continue de s’apprécier, une question épineuse subsiste : cette dynamique manque-elle une stabilisation économique authentique ou n’est-elle qu’une illusion passagère ? Les défis structurels que le pays doit surmonter exigent une attention immédiate pour que cette appréciation ne soit pas un mirage, mais le prélude à une prospérité durable pour le peuple congolais.
