Le rôle de la MONUSCO dans la gestion des conflits en RDC

Une mission de paix sous pression
Depuis 1999, la MONUSCO, ou Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo, œuvre pour stabiliser un pays en proie à des conflits armés récurrents. Son mandat a évolué au-delà de la simple transition politique post-guerre civile. Il englobe désormais la protection des civils, le désarmement et le soutien aux forces armées congolaises. Cependant, la situation sécuritaire, surtout dans l’est du pays, s’est détériorée, mettant à mal les efforts de la mission.
Dans cette lutte, le 3 octobre 2025, Vivian van de Perre, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, a souligné l’importance de la présence de la MONUSCO dans les zones sensibles. Ses patrouilles se multiplient, surtout en coordination avec les Forces armées congolaises (FARDC). Ce partenariat est crucial pour protéger la population, en particulier en Ituri, où les violences entre groupes armés demeurent fréquentes. La MONUSCO a également exprimé son indignation face à cette violence et a appelé à des enquêtes sur les crimes, renforçant ainsi son rôle de gardienne des droits humains.
Cependant, la MONUSCO est confrontée à des obstacles majeurs. Le rapport d’Antonio Guterres, datant du 2 octobre 2025, met en lumière les entraves à ses actions, notamment dans les zones sous contrôle du M23, une rébellion soutenue par le Rwanda. Restrictions de mouvement, retards logistiques — ces défis compromettent son efficacité et soulèvent des doutes quant à sa capacité à remplir pleinement son mandat.

Les interventions de la MONUSCO : succès et limites
Les interventions de la MONUSCO sont souvent saluées pour leur rapidité, mais critiquées pour leur impact à long terme. Par exemple, lors des récents affrontements entre les milices CODECO et CRP, la MONUSCO a réussi à évacuer des civils blessés et à offrir refuge à des milliers de personnes. Néanmoins, la persistance de la violence et les déplacements continus révèlent des limites inéluctables de ces actions.
La cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, a exprimé son inquiétude concernant la situation en Ituri. Les conflits y ont forcé des milliers de personnes à fuir. Lors d’une réunion au Conseil de sécurité le 30 septembre 2025, elle a souligné l’importance d’accéder aux zones contrôlées par le M23 pour documenter les abus, appelant même à une commission d’enquête indépendante. Ses déclarations illustrent le besoin urgent d’une réponse plus coordonnée face à la crise humanitaire sévissant dans l’est de la RDC.
Les critiques envers la MONUSCO s’articulent aussi autour de son incapacité à s’ajuster aux réalités changeantes du terrain. Bien que des efforts soient faits pour renforcer la coopération avec les FARDC et d’autres acteurs locaux, la mission est souvent perçue comme en retard par rapport à la dynamique des conflits. Les tensions entre les groupes armés, notamment le M23 et les FARDC, exacerbent la complexité des interventions de la MONUSCO, les rendant parfois vaines.

Perspectives d’avenir et enjeux politiques
La MONUSCO se trouve à un carrefour critique. Son avenir repose non seulement sur sa capacité à répondre aux défis du terrain, mais aussi sur la volonté politique des acteurs régionaux et internationaux. Le discours du président Félix Tshisekedi à l’ONU a mis en exergue le dilemme de l’ONU : doit-elle continuer à jouer un rôle de maintien de la paix ou devenir un garant de la justice internationale en poursuivant les crimes en RDC ? Cette question soulève des enjeux cruciaux pour l’avenir de la mission et la stabilité régionale.
Les récents appels à un dialogue inclusif, tels que ceux exprimés par Vivian van de Perre, soulignent la nécessité d’une approche politique plutôt que militaire. La MONUSCO devra renforcer ses capacités opérationnelles tout en s’affirmant comme facilitateur dans les négociations entre les groupes armés et le gouvernement congolais. Cela impliquera une coopération accrue avec les pays voisins et une pression internationale pour assurer le respect des accords de paix.
En somme, si la MONUSCO a réalisé des avancées notables dans la protection des civils et la stabilisation de certaines zones, son efficacité est entravée par des défis structurels et politiques. La communauté internationale doit réévaluer son soutien à cette mission, en envisageant des solutions innovantes pour répondre aux besoins croissants des Congolais. La question demeure : comment la MONUSCO pourra-t-elle devenir un acteur véritablement efficace dans la résolution des conflits en RDC ?


