mercredi 9 octobre 2024
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L’occident et ses anciennes colonies.

Retard au développement, défis et perspectives

La comparaison entre le développement des anciennes colonies anglaises, hispaniques et françaises en Afrique met en lumière des dynamiques économiques, politiques et sociales très différentes. Cette analyse repose sur des facteurs historiques, des stratégies de développement post-colonial, ainsi que sur le rôle des organismes régionaux dans la coopération et la promotion de la croissance.

Contexte historique des anciennes colonies anglaises, hispaniques et françaises

Colonisation anglaise : Les Britanniques adoptèrent une politique d’indirect rule, où ils permettaient aux structures locales de persister, sous le contrôle britannique. Les pays tels que le Kenya, le Nigeria et le Ghana ont hérité d’institutions plus autonomes qui ont facilité la gestion post-indépendance. Le cadre éducatif, économique et juridique est souvent cité comme plus adaptable et souple.

Colonisation hispanique : L’influence espagnole en Afrique se limite à une petite portion, notamment la Guinée équatoriale et le Sahara occidental. Ces pays souffrent encore d’un retard infrastructurel et de problèmes de gouvernance, en partie liés à la faible interaction entre l’Espagne et ces territoires après l’indépendance.

Colonisation française : La France pratiquait une politique de centralisation très stricte, intégrant directement ses colonies dans son système économique et politique. Après l’indépendance, les anciennes colonies françaises en Afrique ont souvent conservé des liens étroits avec la métropole à travers la “Françafrique”, un réseau d’influences politiques et économiques qui a limité une certaine autonomie de décision.

Développement des anciennes colonies anglaises vs. françaises et hispaniques

Performance économique :

Les anciennes colonies anglaises (ex. Botswana, Ghana) ont généralement mieux performé économiquement grâce à des institutions plus solides et à une ouverture au commerce international. Ces pays ont bénéficié de la diversification de leurs économies, de meilleures infrastructures politiques, et d’une indépendance plus concrète dans la gestion de leurs affaires internes.

Les anciennes colonies françaises (ex. Côte d’Ivoire, Mali) peinent souvent à se départir de l’influence française. Le franc CFA, contrôlé en partie par la Banque de France, constitue un frein à la gestion monétaire indépendante, et les institutions ont souvent été affaiblies par des élites corrompues héritières des anciens systèmes coloniaux.

Les anciennes colonies hispaniques, comme la Guinée équatoriale, sont souvent plus isolées dans leur développement. L’absence d’une stratégie économique claire après l’indépendance a accentué la dépendance aux ressources naturelles, ce qui a créé un environnement de gouvernance autocratique et de corruption.

Gouvernance et démocratie :

Les pays issus de la colonisation anglaise ont bénéficié de processus démocratiques plus transparents, même si des défis persistent. Le multipartisme et les transitions pacifiques de pouvoir sont plus communs.

Les pays issus de la colonisation française connaissent plus de coups d’État, d’instabilité politique, et des systèmes démocratiques formels sans réelle mise en œuvre démocratique. Des exemples incluent le Gabon et le Tchad, où le pouvoir reste souvent entre les mains des mêmes élites pendant des décennies.

Les anciennes colonies hispaniques sont souvent marquées par des régimes autoritaires, comme en Guinée équatoriale avec Teodoro Obiang Nguema, où la démocratie est largement absente.

Échecs des organismes régionaux

Plusieurs organisations régionales africaines ont été créées pour promouvoir l’intégration économique et la paix, mais elles peinent souvent à atteindre leurs objectifs. Les échecs incluent :

CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) : Malgré son influence politique, l’intégration économique réelle reste limitée, et la dépendance aux économies étrangères demeure. Les pays membres souffrent toujours d’instabilité politique (Mali, Burkina Faso, Niger).

CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) : Cette organisation peine à harmoniser les politiques monétaires et à stimuler une croissance inclusive dans une région marquée par des régimes autoritaires et la surdépendance aux ressources naturelles.

UA (Union africaine) : Bien que l’Union africaine joue un rôle important dans la prévention des conflits et la coordination continentale, son efficacité est entravée par la faiblesse des gouvernements nationaux et le manque de moyens financiers.

Ces organisations se retrouvent limitées par des systèmes politiques instables, des bureaucraties inefficaces, des intérêts personnels, et une corruption endémique dans de nombreux États membres.

Solutions pour une émergence assurée

Pour assurer une émergence effective des anciennes colonies africaines, plusieurs actions sont nécessaires :

Renforcement des institutions : La transparence et la responsabilité doivent être renforcées à travers des réformes institutionnelles. Les structures politiques doivent être moins centralisées et plus adaptées aux réalités locales, en inspirant des modèles de gouvernance inclusifs.

Diversification économique : Les économies africaines doivent se libérer de la dépendance aux ressources naturelles en développant des secteurs tels que l’agriculture, les technologies et les services. Les accords commerciaux et les investissements étrangers doivent être orientés vers des secteurs créateurs de valeur ajoutée.

Réformes monétaires : Pour les anciennes colonies françaises, la réforme ou l’abandon du franc CFA pourrait permettre une gestion monétaire plus flexible et plus adaptée aux réalités économiques locales.

Éducation et capital humain : L’investissement dans l’éducation et la formation professionnelle est essentiel pour créer une main-d’œuvre qualifiée et compétitive. Un accent doit être mis sur l’enseignement technique, l’innovation et les nouvelles technologies.

Renforcement de l’intégration régionale : Les organismes régionaux doivent être renforcés, notamment en matière de coopération économique et de sécurité. Cela passe par la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires, et par la mise en place de politiques de développement coordonnées.

Conclusion

Le développement des anciennes colonies anglaises, hispaniques et françaises en Afrique suit des trajectoires différentes, influencées par leur histoire coloniale, leurs choix économiques et leur gouvernance post-indépendance. Si les anciennes colonies anglaises semblent mieux se développer grâce à des institutions plus robustes et un cadre économique plus libéral, les anciennes colonies françaises et hispaniques peinent à s’émanciper de l’héritage colonial, à cause de problèmes structurels et d’une dépendance excessive. Les réformes économiques, politiques et monétaires, ainsi qu’un investissement accru dans l’éducation, pourraient aider ces pays à émerger durablement sur la scène mondiale.

https://journals.openedition.org/poldev/135

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