Le temps passe, mais la douleur reste. À Port-Gentil, capitale économique du Gabon, la mer qui relie la ville à Libreville est devenue un mur invisible. Depuis la pandémie de la COVID-19, les prix des billets entre les deux cités ont pris des allures de tempête économique. De 25 000 FCFA avant la crise, ils ont grimpé à 35 000 FCFA, puis culminent aujourd’hui autour de 42 000 FCFA en moyenne avec les compagnies privées. La fin des restrictions sanitaires n’a pas ramené la sérénité. Au contraire, un nouveau modèle économique semble s’être installé : faire payer plus cher un service vital à des usagers qui n’ont aucune alternative crédible.
Des familles à bout de souffle

Pour de nombreux Port-Gentillais, cette hausse vertigineuse n’est pas qu’un simple chiffre. C’est un frein à la vie quotidienne, un fardeau pour les familles modestes, les étudiants, les malades ou les commerçants. Face à des tarifs jugés abusifs, certains n’ont plus d’autre choix que de contourner la mer : un détour par Lambaréné, suivi d’un taxi-brousse jusqu’à Libreville ou Port-Gentil. Ce périple éreintant multiplie les dépenses, rallonge les temps de trajet et expose les voyageurs à des routes souvent dangereuses. Pendant ce temps, les compagnies maritimes, elles, gardent le silence, confortablement installées dans un système où le profit prime sur la solidarité nationale.
Une menace directe sur la vie chère
Cette situation n’est pas sans conséquence sur l’économie locale. Comment espérer contenir la flambée du coût des produits de première nécessité quand le transport maritime – poumon logistique du pays – devient un luxe ? Comment un parent peut-il se rendre à Libreville pour des soins urgents, ou un étudiant passer un concours, sans s’endetter ou mettre sa santé en péril ?
Dix questions qui interpellent

Alors que le pays s’apprête à voter le 27 septembre 2025, le silence des autorités et des compagnies sur ce dossier est assourdissant. Voici dix questions qui méritent des réponses claires :
1. Pourquoi les prix des billets n’ont-ils jamais été réajustés depuis la fin de la pandémie ?
2. Quelles mesures protègent réellement les consommateurs face à ces hausses continues ?
3. Quand a eu lieu la dernière étude indépendante sur la rentabilité réelle des compagnies ?
4. Pourquoi les tarifs ne tiennent-ils pas compte des revenus moyens des Gabonais ?
5. L’État a-t-il accordé des subventions post-COVID et, si oui, où sont passés ces fonds ?
6. Pourquoi le transport public maritime, tel que le CNNII, n’est-il pas renforcé ?
7. Qui contrôle la régulation des prix dans ce secteur stratégique ?
8. Que fait la Direction Générale de la Concurrence pour freiner les abus ?
9. Jusqu’à quand tolérer des lois du marché qui appauvrissent les plus vulnérables ?
10. Les responsables politiques sont-ils fiers de voir leurs concitoyens risquer leur vie sur les routes faute d’un billet abordable ?
Aux candidats, un appel urgent
À vous, candidats aux législatives et locales du 27 septembre 2025, ce silence est un mauvais présage. Représenter le peuple, c’est comprendre ses trajets, ses coûts, ses souffrances. Port-Gentil ne doit plus être une île inaccessible, où la mer sépare les familles plus qu’elle ne les relie.
Les électeurs n’attendent pas des slogans, mais des solutions concrètes. Le scrutin à venir sera aussi un test : le peuple votera pour ceux qui feront baisser le prix du voyage, pas pour ceux qui se contenteront de selfies.


