Perception internationale du Cameroun : un miroir déformant

Un regard extérieur biaisé
La perception internationale du Cameroun est souvent influencée par des stéréotypes et des idées reçues, éloignés de la réalité. Martial Bissog, lors d’une récente intervention sur Bnews1, met en avant l’exagération des critiques à l’égard du pays. Selon lui, les Camerounais se plaignent trop, alors que des aspects positifs, comme l’autosuffisance alimentaire, méritent d’être remarqués. Une professeure gabonaise a d’ailleurs exprimé son émerveillement devant la diversité des fruits au marché du Mfoundi.
Cette vision contrastée illustre la dichotomie entre la réalité vécue et l’image projetée à l’international. Les médias étrangers, souvent focalisés sur les problématiques de droits humains et de démocratie, occultent les avancées et réussites locales. Une telle perception déformée peut engendrer des conséquences néfastes, nourrissant un climat de méfiance et de désillusion parmi la population.

Les droits humains et la répression politique
Les remarques de Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, soulignent les restrictions qui pèsent sur l’espace civique au Cameroun. À l’approche de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, il a dénoncé un climat de répression, marqué par des arrestations arbitraires et des menaces envers l’opposition. Ces éléments contribuent à une image négative du pays sur la scène internationale, où les droits fondamentaux sont souvent mis en question.
Cela crée un cercle vicieux : la répression des voix dissidentes nourrit les critiques internationales, qui renforcent à leur tour la position du gouvernement, justifiant des mesures encore plus strictes. Les acteurs politiques, notamment l’opposition, se trouvent dans une position délicate, où leur capacité à s’exprimer librement est compromise, nuisant ainsi à la démocratie et à la participation citoyenne.

Un immobilisme qui freine le changement
Jean-Pierre Bekolo, dans sa chronique, aborde l’immobilisme de la société camerounaise. Selon lui, cette stagnation ne repose pas seulement sur les épaules de Paul Biya, mais aussi sur une incapacité collective à initier des transformations. Les récents événements, comme les manifestations du MRC, témoignent de cette lutte pour le changement, mais beaucoup sont souvent réprimés, renforçant l’image d’un pays figé dans le temps.
Une telle perception peut avoir des répercussions désastreuses sur la politique intérieure. Elle décourage les jeunes talents de s’engager dans la vie politique et nuit à la représentation du pays sur la scène internationale. Des critiques émanant de figures comme François Hiondi Nkam, mettant en avant le manque d’attractivité de l’équipe nationale de football, montrent à quel point cette vision négative peut impacter divers domaines, y compris le sport, où le Cameroun peine à attirer des binationaux.
Réflexions sur l’avenir du Cameroun
La perception internationale du Cameroun, teintée de préoccupations sur les droits humains, la démocratie et l’immobilisme, influence profondément sa politique intérieure. Les critiques externes peuvent renforcer les positions du gouvernement, en décourageant les initiatives de changement au sein de la société. Une question demeure : comment le Cameroun pourrait-il redéfinir son image sur la scène internationale ? Quelles mesures sont nécessaires pour garantir un environnement politique inclusif et respectueux des droits fondamentaux ?
Il est crucial que les acteurs politiques et la société civile s’engagent dans un dialogue constructif. En cultivant une image plus positive et en mettant en avant les réussites locales, le Cameroun pourrait non seulement améliorer sa réputation, mais aussi restaurer la confiance de sa population envers ses institutions. La question persiste : le Cameroun choisira-t-il de se réinventer ou continuera-t-il à subir des changements imposés par des acteurs extérieurs ?


