La capitale centrafricaine a vibré ce mercredi au rythme de la 16ᵉ Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Dans un discours d’ouverture empreint de solennité et de vision, le président Faustin-Archange Touadéra, maître de cérémonie en sa qualité de président en exercice de l’organisation, a dressé un tableau lucide des défis politiques et économiques, tout en posant des jalons ambitieux pour l’avenir de l’intégration régionale.
Un contexte politique en mutation

Le numéro un centrafricain a salué les évolutions démocratiques en cours dans la sous-région. Mention spéciale au Gabon, qui a tourné la page de la transition avec l’élection de Brice-Clotaire Oligui Nguema en mars dernier. « Le Gabon a donné à la face du monde la preuve de son indéfectible attachement aux valeurs démocratiques », a lancé Touadéra, non sans adresser ses félicitations appuyées à son homologue gabonais.
Dans le même souffle, il a rappelé que le Cameroun et la Centrafrique s’apprêtent eux aussi à des échéances électorales cruciales, lesquelles seront, selon lui, des tests décisifs pour la cohésion nationale et la stabilité sous-régionale.
L’économie régionale sous pression

Touadéra n’a pas éludé les fragilités économiques de la CEMAC. Malgré une croissance estimée à 2,9 % en 2024, le rythme reste insuffisant face aux besoins démographiques galopants. Les fluctuations des prix des matières premières et la conjoncture internationale tendue pèsent lourdement.
Cependant, le président centrafricain a insisté sur les efforts conjoints des États membres, soutenus par la Banque mondiale et le FMI, pour consolider la discipline macroéconomique. Il a rappelé que le sommet extraordinaire de Yaoundé, en décembre 2024, a permis d’asseoir de nouveaux mécanismes de gestion pour renforcer la résilience régionale.
Des avancées concrètes et une intégration tangible

Dans son bilan de mandature, Touadéra a mis en avant plusieurs acquis : la modernisation du système bancaire, la levée progressive des barrières commerciales, l’interconnexion énergétique et des télécommunications, mais aussi le renforcement du marché commun, où la libre circulation des biens et des personnes devient une réalité « incontestable », malgré ses limites.
Il a par ailleurs rappelé avec fierté le succès de la table ronde de Paris en 2023, qui a permis de mobiliser 9,2 milliards d’euros pour treize projets intégrateurs prioritaires, dépassant les attentes initiales. Une preuve, selon lui, de la confiance des partenaires dans la trajectoire de la CEMAC.
Gouvernance et réformes institutionnelles

Touadéra n’a pas manqué d’évoquer les réformes en cours au sein des institutions de la CEMAC, notamment l’audit mené en 2023 qui a révélé de graves dysfonctionnements. Des mesures de redressement sont désormais engagées : adoption de nouveaux textes financiers, élaboration d’un statut du personnel plus strict, et volonté affichée de moraliser la gouvernance communautaire.
« L’intégration, il faut y croire », a martelé Touadéra, insistant sur l’importance de la « citoyenneté communautaire » qu’il considère comme la clé d’une véritable union économique.
Le passage de témoin à Sassou Nguesso

En conclusion, le président centrafricain a salué l’appui déterminant du président Obiang Nguema Mbasogo, qui a accueilli la Commission de la CEMAC en Guinée équatoriale durant les périodes de relocalisation, et a exprimé sa gratitude au peuple équato-guinéen pour son hospitalité.
Alors qu’il s’apprête à céder le témoin à son homologue congolais Denis Sassou Nguesso, Touadéra a invité les institutions communautaires et les peuples d’Afrique centrale à cultiver davantage l’esprit d’appartenance à un destin commun.
« C’est en développant cette culture de citoyenneté communautaire que nous pourrons donner une nouvelle impulsion au processus d’intégration », a-t-il conclu, avant de déclarer ouverts les travaux.


