La France s’offre un nouveau visage à la tête de son gouvernement. À 39 ans, Sébastien Lecornu, jusqu’ici ministre des Armées, a été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron, au lendemain de la démission contrainte de François Bayrou, désavoué par l’Assemblée nationale. Ce choix, présenté comme stratégique, illustre à la fois la fidélité d’un homme et la fragilité d’un système.
Un fidèle du président propulsé au sommet

Lecornu n’est pas un inconnu. Pilier de la macronie depuis 2017, il a traversé sans vaciller les tempêtes ministérielles. Jeune, technicien, rompu aux arcanes du pouvoir, il s’impose désormais comme le cinquième Premier ministre depuis la réélection de Macron en 2022 et le troisième en moins d’un an. Une ascension qui en dit long sur la valse des Premiers ministres, mais aussi sur la confiance indéfectible que lui accorde le chef de l’État.
Un pays fracturé, un Parlement intraitable

Sa mission s’annonce herculéenne. La France vit une crise politique sans précédent, avec un Parlement éclaté où aucune majorité claire ne se dégage. Lecornu devra convaincre, négocier, et surtout arracher le vote du budget 2026, première épreuve de vérité. Sans compromis, la paralysie guette, et avec elle l’ombre d’une dissolution ou d’un blocage institutionnel prolongé.
Entre critiques et espoirs

La gauche radicale fustige déjà une nomination qui perpétue « l’entre-soi présidentiel », quand le Rassemblement national y voit une fuite en avant. Mais au centre et à droite, certaines voix saluent un choix pragmatique : « Lecornu connaît l’appareil d’État, il peut apporter la stabilité dont le pays a besoin », confiait ce mardi un ancien Premier ministre.
Macron joue sa dernière carte

À trois ans de la fin de son mandat, Emmanuel Macron parie sur un homme de confiance plutôt que sur un grand compromis politique. Un choix qui peut s’avérer payant s’il parvient à imposer une méthode d’ouverture, mais risqué si la défiance parlementaire se transforme en impasse.
Demain, mercredi à midi, la passation des pouvoirs scellera l’entrée de Sébastien Lecornu dans l’histoire de la Ve République. Un passage de témoin scruté, attendu, et déjà chargé d’une lourde symbolique : celle d’un pays à la recherche d’un souffle politique, dans lequel le plus jeune Premier ministre de l’ère Macron devra s’imposer comme artisan d’un fragile équilibre.


