La rupture est désormais consommée. Mercredi soir, un communiqué de la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII) a confirmé ce que beaucoup n’avaient pas vu venir : la fin du partenariat stratégique avec le groupe burkinabé Ebomaf. Officiellement, une séparation « d’un commun accord ». Officieusement, un faisceau de frustrations accumulées.
Une alliance prometteuse mais fragile

Le 23 février 2024, l’État gabonais et Ebomaf-Gabon signaient une convention censée donner un souffle nouveau au transport maritime national. Quais réhabilités, navires modernes, plan social pour la CNNII : l’accord se voulait une réponse concrète à des années de léthargie. Mais un an et demi plus tard, le rêve a tourné court.
Les obligations de l’État, talon d’Achille du projet

Côté Ebomaf, les preuves d’engagement sont nombreuses : achat de navires, financement de salaires pour trois mois, études techniques, préfinancement de réhabilitations, déplacements d’experts internationaux. Pourtant, du côté du concédant, les conditions préalables promises mise à disposition de quais, plan social financé, réhabilitation des infrastructures ne sont jamais devenues réalité. Sans ces prérequis, l’entrée en vigueur de la convention demeurait impossible.
Un constat d’échec partagé
Face à l’impasse, Ebomaf a pris acte. Plutôt que de s’enliser dans un partenariat paralysé, le groupe a proposé de constater la nullité pure et simple de la convention. L’article 43 de celle-ci prévoyait d’ailleurs la possibilité d’un tel dénouement. La CNNII, dans un communiqué laconique mais apaisant, parle d’une décision « conjointe et sereine », mettant en avant une volonté de « réorienter les priorités stratégiques ».
Un goût amer pour l’opinion
Reste un constat : en dépit de grandes ambitions et d’investissements lourds, ce mariage n’a pas survécu aux lenteurs structurelles et aux blocages institutionnels. Pour l’opinion publique gabonaise, qui voyait en cette alliance un gage de modernisation du transport maritime, le divorce laisse une impression d’occasion manquée.


