Corruption et Gouvernance au Cameroun : L’Appel de Mgr Kleda

Un Diagnostic Alarmant de la Situation
Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala, a récemment partagé une lettre pastorale percutante, révélant des maux profonds au sein de la société camerounaise. Datée du 8 août 2025, cette lettre met en lumière la corruption omniprésente, qui imprègne l’administration, la justice et même l’éducation. Pour Mgr Kleda, cette corruption illustre une mal-gouvernance marquée par un désintérêt indéniable des dirigeants envers les préoccupations des citoyens.
Dans son analyse, Mgr Kleda affirme que la démocratie au Cameroun est « dévoyée », entachée par des violences institutionnelles et un manque de transparence. Son diagnostic est étayé par des études révélant que le pays se classe parmi les pires au monde en termes de corruption, selon l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Les conséquences sont alarmantes. Un taux de chômage effarant de 74% pousse de nombreux jeunes vers l’immigration clandestine.
Ce cri d’alarme n’est pas isolé. Des voix comme celle de l’universitaire Mathias Eric Owona Nguini soulignent que la critique de Kleda doit être replacée dans un contexte plus large. Les responsabilités des acteurs politiques et sociaux sont mises en question. Ainsi, l’appel de Kleda ne se limite pas à un simple plaidoyer pour la moralité, mais s’inscrit dans une dynamique de changement indispensable pour l’avenir du pays.

Les Racines de la Corruption : Une Mal-Gouvernance Endémique
Mgr Kleda explore les origines de la corruption au Cameroun, qu’il impute à une gestion des ressources naturelles, telles que le pétrole et l’or. Ces richesses se retrouvent concentrées entre les mains d’une minorité de fonctionnaires. Ce système crée des injustices flagrantes, où les ressources du pays profitent à une élite, au détriment de la majorité. Cette situation est accentuée par le train de vie ostentatoire des membres du gouvernement, en dissonance avec la pauvreté croissante de la population.
Les préoccupations de Mgr Kleda trouvent écho dans les rapports d’organisations internationales. Ces dernières dénoncent la mauvaise gestion des ressources et l’absence de politiques publiques efficaces. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) souligne également que la mauvaise gouvernance constitue un obstacle majeur au développement durable du Cameroun.
Sa lettre pastorale appelle à une prise de conscience collective. Mgr Kleda insiste sur l’impératif d’un changement de mentalité. Les dirigeants doivent se recentrer sur l’intérêt général, au lieu de privilégier des intérêts personnels. Ce changement est vital pour restaurer la confiance et créer un climat propice à une véritable démocratie.

Vers un Avenir Meilleur : L’Appel à l’Action
Mgr Kleda clôt son analyse par un appel vibrant à l’action. Il encourage les Camerounais à garder espoir et à croire en un avenir meilleur. La paix, la justice et la réconciliation sont cruciales, surtout à l’approche des élections présidentielles du 12 octobre 2025. Dans ce cadre, il exhorte les citoyens à participer activement au processus électoral, affirmant que le changement n’émane pas d’un « messie », mais de l’implication de tous.
Cette exhortation résonne avec les propos de Louis Marie Kakdeu, vice-président du Social Democratic Front (SDF), qui critique la tendance à l’abstention. Kakdeu appelle à renforcer les institutions démocratiques. Son interprétation du message de Kleda suggère qu’il pourrait décourager la participation électorale, ce qui profiterait au président en place, Paul Biya, dirigeant le pays depuis 43 ans.
La question se pose : comment mobiliser les citoyens autour d’une vision commune pour un Cameroun meilleur ? La réponse réside sans doute dans une éducation civique renforcée et un dialogue constructif entre les différentes parties prenantes de la société. Transformer les mentalités et les comportements s’avère essentiel pour libérer le pays de la spirale de corruption et de désespoir.


