Une tournée républicaine née d’une urgence politique
À l’époque où la santé du président déchu Ali Bongo Ondimba inquiétait au plus haut point, les hautes sphères du pouvoir décidèrent d’organiser une tournée républicaine pour rassurer l’opinion publique. Il fallait démontrer que le chef de l’État était encore aux commandes.
Brice Laccruche Alihanga fut naturellement chargé de conduire cette mission sensible. Nourredin Bongo Valentin, fils du président, fut initialement intégré à la démarche non seulement pour sa filiation, mais aussi pour y faire ses premiers pas politiques avant de décliner à la dernière minute, sans explication officielle.
La légitimation publique par la présence présidentielle

Le point culminant de cette tournée fut l’arrivée remarquée d’Ali Bongo Ondimba, de son épouse Sylvia Bongo et de plusieurs membres de la famille présidentielle au rond-point de Nzeng-Ayong. Cette apparition publique fut perçue comme un aval clair et sans ambiguïté à l’initiative portée par Brice Laccruche Alihanga.
Cependant, cet acte de légitimation sera bientôt contredit dans les cercles du pouvoir. Plusieurs figures influentes, dont Alain-Claude Bilie-By-Nze, affirmèrent que la tournée était une initiative personnelle de BLA une lecture totalement erronée, contredite par les faits.
Le refus d’alignement et la menace ouverte

À peine la tournée achevée, Brice Laccruche fut convoqué au domicile de Nourredin Bongo Valentin. Ce dernier lui demanda explicitement de se rallier à son ambition politique et de lui prêter allégeance. Laccruche refusa catégoriquement.
Face à ce refus, le ton changea. Nourredin Bongo Valentin lança une menace directe : « Je vais t’écraser. » Très vite, plusieurs de ses proches conseillers lui soufflèrent l’idée de neutraliser Laccruche, devenu à leurs yeux trop gênant.
Les instructions tombèrent dans la foulée : il fallait frapper fort. Brice Laccruche Alihanga et ses collaborateurs furent arrêtés. Commença alors une descente aux enfers : détention prolongée, conditions de vie dénoncées comme inhumaines, marginalisation systématique.
Une version réécrite par les caciques du régime

Dans une tentative manifeste de réécriture de l’histoire, les ténors du régime s’employèrent à présenter la tournée comme un acte isolé, non validé par le sommet de l’État. Pourtant, les images et les témoignages de l’époque montrent bien que la famille présidentielle elle-même avait cautionné l’opération.
Ce révisionnisme politique s’inscrivait dans une logique de purge : effacer le rôle de Laccruche, contenir son influence, et verrouiller le champ politique au profit d’un clan en quête de contrôle absolu.
L’éclat d’une parole enfin libérée

C’est dans ce contexte lourd de silences et de manipulations que Brice Laccruche Alihanga a enfin brisé le silence. Le 4 août 2025 à 21h30, sur le plateau du Journal Télévisé de TV5MONDE, il s’est exprimé pour la première fois depuis sa chute.
D’un ton grave mais mesuré, il est revenu sur les événements, confirmant point par point l’enchaînement des pressions, des menaces et de son arrestation. Son témoignage, limpide et sans haine apparente, a frappé les esprits. Il a donné à voir, de l’intérieur, les dérives d’un pouvoir à bout de souffle.
Leçon d’un système qui broie ses propres fidèles

Le cas Brice Laccruche Alihanga est plus qu’un épisode personnel. Il est l’incarnation de ce que devient une loyauté mal récompensée dans un régime fondé sur la suspicion, les intérêts claniques et la peur du contrepoids.
Aujourd’hui, alors que le Gabon tente de tourner la page, l’histoire de cet ancien stratège du pouvoir reste un signal fort : dans certaines sphères, servir fidèlement peut coûter plus cher que trahir.
Et parfois, il faut toucher le fond pour que la vérité enfin remonte à la surface. https://information.tv5monde.com/afrique/video/gabon-les-objectifs-de-brice-laccruche-alihanga-2787695


