Paroles tissées de racines gabonaises
Dans « CHOUUAA », Didi B ne livre pas simplement un énième hit dansant. Il invoque les codes d’un langage, les pas d’une mémoire collective, et les pulsations d’un peuple. Aux premières notes, le beat accroche, mais c’est dans la texture même des mots que le morceau devient singulier. Lorsqu’il lâche avec aisance « Mapane » ce mot cru et tendre à la fois, désignant les quartiers populaires de Libreville , l’artiste ivoirien ne fait pas qu’utiliser un argot ; il rend hommage à un univers.
L’Ikokou et le N’tcham, gestes vivants d’un peuple
Mais Didi B va plus loin. Il s’aventure sur les sentiers des traditions corporelles du Gabon. L’Ikokou, danse emblématique de l’ethnie Punu, y est évoquée avec un respect presque sacré. Elle incarne cette gestuelle tribale, fine et percutante, portée souvent par les jeunes dans les cercles de danse initiatique ou les compétitions urbaines.
Et que dire du N’tcham ? Ce balancement ancestral, souvent exécuté avec ferveur par les mamans gabonaises dans les veillées, les célébrations et même dans les ruelles, trouve une place inattendue dans ce titre pop-urbain. Didi B ne l’imite pas. Il le cite. Il le consacre.
Un oiseau rare qui fait battre les ailes de la mémoire
Ce clin d’œil linguistique et culturel n’est pas un hasard. L’ombre de l’« Oiseau rare » plane sur ce titre. L’artiste gabonais qui s’illustre dans ce morceau n’a pas seulement prêté sa voix ou son image, il a tissé un pont invisible mais palpable entre Libreville et Abidjan. Dans cette synergie, on devine une volonté : sortir des frontières commerciales pour créer une fraternité musicale.
Un son, un symbole
« CHOUUAA » n’est pas seulement un morceau à faire trembler les enceintes. C’est un manifeste doux, une célébration implicite d’une Afrique urbaine consciente d’elle-même, où les langues se mélangent, où les danses traditionnelles retrouvent leur éclat dans le beat moderne, et où les quartiers populaires deviennent des épicentres de créativité.
En prêtant sa voix à ces mots, Didi B ne fait pas de l’appropriation, mais de la résonance. Il parle avec, et non à la place. Et l’on comprend mieux pourquoi ce « CHOUUAA » sonne comme un cri d’appartenance. Un cri d’alliances.
Conclusion : Le Gabon n’est pas seulement cité, il est dansé.
Et dans l’univers de Didi B, le Mapane devient un espace d’expression, l’Ikokou un rythme vivant, et le N’tcham une mémoire que l’on réactive, fièrement, à chaque playback.


