Une rentrée sous le signe de l’incertitude
À Makouké, au cœur du Gabon profond, l’espoir d’une rentrée scolaire apaisée vacille au rythme des flots capricieux de l’Ogooué. Le bac, seul moyen sécurisé de franchir le fleuve, est à l’arrêt depuis plusieurs semaines. À un mois de la rentrée 2025-2026, élèves, parents et enseignants redoutent une reprise plombée par l’impossibilité de rejoindre les établissements scolaires situés sur l’autre rive.
Des pirogues de fortune, un danger réel

En l’absence du bac, les pirogues ont repris du service. Elles serpentent sur les eaux brunâtres du fleuve, chargées de corps inquiets et de biens précaires. Mais ces embarcations, souvent vétustes et dépourvues de gilets de sauvetage, sont loin de garantir la sécurité des usagers, surtout en période de crue. Les enfants, futurs bâtisseurs du pays, sont désormais contraints de braver un fleuve déchaîné pour accéder à l’éducation. Un tableau qui rappelle avec amertume l’abandon des périphéries.
Une panne aux conséquences sociales multiples
Ce que beaucoup appellent déjà « la panne de trop » met en lumière les défaillances structurelles dans la gestion des infrastructures rurales. Le bac n’était pas qu’un simple outil de transport : il représentait un lien vital entre les deux rives, entre le village et l’école, entre les marchés et les dispensaires. Son indisponibilité fragilise les équilibres sociaux déjà précaires dans la localité. Pour les familles, c’est un casse-tête quotidien ; pour les élèves, un obstacle de plus dans leur quête de savoir.
L’appel pressant à l’État de la Ve République
Dans un contexte marqué par les promesses de la Ve République gabonaise, les habitants de Makouké interpellent avec force les nouvelles autorités. Ils réclament des actes forts et urgents. Le district, oublié des grands chantiers, espère enfin voir les fruits de la politique de décentralisation tant vantée. Car comment parler d’égalité des chances quand l’accès à l’école dépend d’une pirogue branlante ou d’un bac immobilisé ?
Une traversée symbolique de la République

La traversée de l’Ogooué n’est pas qu’un problème logistique. Elle est le symbole d’un pays à deux vitesses : celui des capitales connectées au monde, et celui des villages laissés à eux-mêmes. Tant que Makouké devra improviser des solutions de fortune pour acheminer ses enfants vers le savoir, la promesse républicaine restera incomplète.
En cette veille de rentrée, c’est toute une population qui attend, sur une rive comme sur l’autre, un geste fort, une réparation. Non seulement du bac, mais d’une confiance ébréchée.


