Racisme et Discrimination au Liban : L’Appel de Lama El Amine

Un Incident Révélateur
Le 23 juillet 2025, un événement à l’aéroport de Beyrouth a révélé les défis contemporains du racisme et de la discrimination au Liban. Lama El Amine, actrice et directrice de théâtre libanaise, a partagé sur Instagram une expérience marquante où un agent de sécurité l’a insultée, la qualifiant de « femme éthiopienne ». Cet incident est un miroir déformant d’une réalité plus large qui affecte de nombreux Libanais, notamment ceux qui ne répondent pas aux idéaux de « blancheur » valorisés dans la société.
El Amine a répondu avec véhémence, affirmant son identité libanaise tout en condamnant le stéréotype généralisé qui assimile tous les Noirs à des Éthiopiens. Cette réaction ne se limite pas à une défense personnelle ; elle se veut un cri de ralliement pour toutes les personnes victimes de discrimination raciale. La réponse de la Direction générale de la sécurité du Liban, qui a qualifié l’incident de malentendu, soulève des questions sur le niveau de sensibilisation et de formation des agents face à des préjugés profondément ancrés.
Des incidents comme celui-ci appellent à une réflexion collective sur le racisme au sein des institutions libanaises. La déclaration du général de brigade Beshara Abou Hamad, qui tente de minimiser l’incident, illustre la manière dont le racisme peut être institutionnalisé. Il devient urgent d’instaurer des mesures concrètes pour lutter contre ce fléau.

Un Appel à l’Action
Suite à cet incident, Lama El Amine a interpellé le président du Liban, Joseph Aoun, l’exhortant à présenter des excuses officielles et à instaurer une législation anti-raciste. La réaction rapide du président, promettant de prendre des mesures, est encourageante. Cependant, cela soulève des doutes quant à la volonté réelle du gouvernement de s’attaquer à ces enjeux systémiques. Des paroles ne suffisent pas ; des actions concrètes sont indispensables pour transformer les mentalités.
El Amine a également dénoncé le système de kafala, qui soumet les travailleurs migrants à des conditions souvent inhumaines. Ce système, critiqué par des organisations telles qu’Amnesty International, alimente le racisme institutionnel en déshumanisant ces travailleurs. En 2019, Amnesty a demandé son abolition, affirmant que le travail ne devrait jamais rimer avec humiliation. La lutte contre le racisme au Liban est intrinsèquement liée à celle pour les droits des travailleurs migrants, qui sont souvent les premières cibles de la discrimination.
À travers ses paroles, El Amine ne se limite pas à évoquer un incident isolé ; elle lance un débat sur l’urgence de réformes sociales et législatives pour protéger les droits de tous, peu importe leur couleur de peau ou leur origine.

Les Défis Systémiques du Racisme
Le racisme au Liban ne se limite pas à des incidents isolés ; il s’inscrit dans un paysage historique et sociopolitique chargé. Le pays a une longue histoire de tensions sectaires et ethniques, qui influencent les attitudes envers les minorités et les migrants. Les préjugés raciaux sont souvent alimentés par des discours politiques exploitant ces divisions pour des gains électoraux.
De plus, l’idéal de « blancheur » comme référence de beauté et de statut social est profondément ancré dans la culture libanaise. Cela entraîne des discriminations systémiques dans divers domaines comme l’emploi, l’éducation, et l’accès aux services. Des témoignages de personnes issues de minorités ou de la communauté migrante mettent en lumière des expériences de marginalisation souvent négligées.
La voix de Lama El Amine, qui représente les plus vulnérables, est cruciale pour sonner l’alarme. En exposant le racisme et appelant à des réformes, elle incarne l’espoir d’une société libanaise plus juste et inclusive. Toutefois, le chemin reste semé d’embûches et nécessite un engagement collectif pour surmonter les défis du racisme et de la discrimination.
Réflexions et Perspectives d’Avenir
L’incident impliquant Lama El Amine soulève des questions essentielles concernant l’avenir du Liban en matière de droits humains et de justice sociale. Alors que le pays traverse des crises économiques et politiques, il est crucial d’intégrer la lutte contre le racisme et la discrimination dans les priorités nationales. Cela exigera non seulement des changements législatifs, mais aussi une transformation des mentalités à tous les niveaux de la société.
Les voix telles que celles d’El Amine sont fondamentales pour sensibiliser le public et favoriser un dialogue constructif. Les médias, artistes et intellectuels jouent un rôle clé dans la promotion de la diversité et de l’inclusion. La question demeure : le Liban saura-t-il se réinventer en tant que société valorisant la diversité et protégeant les droits de chaque citoyen ?
La réponse dépendra de l’engagement collectif des Libanais à combattre le racisme et à promouvoir l’égalité. Les défis sont nombreux, mais l’espoir d’un avenir meilleur est à portée de main si chacun s’engage dans cette lutte cruciale.


