Alassane Ouattara et la présidentielle de 2025 : un avenir incertain

Un contexte politique en mutation
La Côte d’Ivoire se trouve à un carrefour politique déterminant à l’approche de la présidentielle d’octobre 2025. Le président sortant, Alassane Ouattara, âgé de 83 ans, a été choisi par le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) comme leur candidat potentiel. Pourtant, il reste évasif quant à ses intentions, promettant une décision « dans les jours qui viennent ».
Cet entre-deux suscite de nombreuses interrogations. Pour Arthur Banga, analyste politique, cette stratégie pourrait être un moyen de choisir le moment idéal pour officialiser sa candidature. En 2020, il avait déjà usé d’une méthode similaire en annonçant sa décision devant le parlement. Ce flou pourrait également viser à maintenir l’unité au sein du RHDP tout en jaugeant les réactions de l’opposition.
Ce contexte devient d’autant plus complexe avec la formation d’une alliance inattendue entre le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo et le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA) de Tidjane Thiam. Cette coalition pourrait bouleverser les équilibres électoraux et représenter un défi de taille pour Ouattara.

Les opinions divergentes sur la candidature d’Ouattara
Les avis sur la candidature d’Ouattara sont partagés au sein de la population. Un sondage d’Abidjan.net indique que 49,47 % des 3036 votants pensent qu’il se présentera, tandis que 39,16 % en sont convaincus du contraire. Ce tableau révèle une incertitude palpable parmi les électeurs, naviguant entre le désir de continuité et l’appel au changement.
Au sein du RHDP, des partisans comme Zadi Djédjé défendent avec force la candidature d’Ouattara, insistant sur la nécessité de poursuivre le développement et de préserver la paix. À l’inverse, des voix s’élèvent dans l’opposition, comme celle de Me Ouraga Serge Olivier, qui dénonce un double standard de Ouattara, soupçonné d’entraver la candidature de figures comme Charles Blé Goudé et Laurent Gbagbo. Cette dynamique met en exergue les tensions historiques qui perdurent en Côte d’Ivoire.
La situation se complique encore, car des membres influents du RHDP, tels que Tiémoko Meyliet Koné, Patrick Achi et Adama Bigtogo, sont évoqués comme de potentiels candidats si Ouattara se retire. Cette éventualité nourrit des rivalités internes, rendant le climat politique encore plus instable à quelques mois des élections.

Les implications d’une candidature d’Ouattara
Si Alassane Ouattara choisit de se porter candidat, les conséquences pourraient être lourdes sur la scène politique ivoirienne. Pour ses partisans, cette décision serait perçue comme une continuité essentielle, synonyme de stabilité et de progrès. En revanche, l’opposition pourrait redoubler de véhémence, qualifiant cette candidature de menace pour la démocratie, notamment à la lumière des controverses passées.
Les enjeux vont bien au-delà du simple cadre électoral. Ils touchent à la légitimité des institutions et à la perception de la démocratie en Côte d’Ivoire. La candidature d’Ouattara pourrait exacerber les tensions entre les différents groupes politiques, creusant davantage les divisions existantes au sein de la société.
En somme, l’interrogation sur la candidature d’Ouattara persiste. Les récentes déclarations de son cabinet, suggérant qu’il pourrait encore changer d’avis, ajoutent à l’incertitude ambiante. Alors que le pays se dirige vers les élections, il est temps de réfléchir : la Côte d’Ivoire est-elle prête à accueillir un quatrième mandat d’Ouattara, ou est-il temps pour un nouveau souffle politique ?


