Violences à Moba : Entre allégations et réalité

Une tragédie annoncée : Les allégations de massacre
Le 16 juin 2025, Vital Kamerhe, Président de l’Assemblée nationale, a évoqué des tueries massives dans le territoire de Moba, citant un chiffre choquant de 328 civils tués. Cette annonce a plongé la nation dans l’effroi, révélant la fragilité de la région du Tanganyika. Néanmoins, Victor Kamfwa, l’Administrateur du territoire, a rapidement contesté cette déclaration, affirmant qu’aucune attaque d’une telle envergure n’avait eu lieu. Ce contraste met en lumière la complexité et la confusion entourant les événements tragiques de cette région.
Bien que ces allégations restent non confirmées, elles soulignent une réalité préoccupante : la présence de groupes armés, notamment celui dirigé par le milicien Mutono Mukabila, qui sévit dans la chefferie Kansabala depuis 2017. Mukabila est déjà accusé de plusieurs kidnappings et meurtres, plongeant les villageois dans un climat de terreur. Les témoignages de la société civile, relayés par Taabu Pesa Léon, révèlent des exactions qui forcent les habitants à abandonner leurs terres pour fuir vers des zones plus sûres.
Cette tragédie met en relief la fragilité de la sécurité dans la région et soulève des interrogations quant à la capacité des autorités à protéger les civils. Les déclarations contradictoires, notamment celles des FARDC qui ont qualifié les accusations de faux, ne font qu’ajouter à la confusion. Le porte-parole des FARDC, Sylvain Ekenge, a en effet déclaré que ces affirmations étaient infondées et que la société civile aurait plutôt rapporté les activités du groupe armé de Mutono, responsable d’une dizaine de décès depuis 2024.

Les groupes armés : Un fléau persistant
Les groupes armés, tels que celui de Mukabila, ne sont pas un phénomène récent dans la région de Moba. Depuis des années, ces milices exploitent le vide sécuritaire laissé par l’État. Souvent composés d’anciens soldats ou de jeunes désespérés, ils se livrent à des activités criminelles – kidnapping, extorsion et contrôle des ressources locales. Mukabila a même instauré des barrages dans plusieurs villages, exigeant des produits agricoles en échange d’une prétendue sécurité, une tactique qui évoque le racket.
Les autorités provinciales, par l’intermédiaire du gouverneur Christian Kitungwa, reconnaissent l’existence des milices tout en qualifiant les allégations de massacres d’exagérées. Kitungwa a mentionné que les déclarations du Président de l’Assemblée nationale ne reflétaient pas la réalité sur le terrain. Cette situation souligne les difficultés des autorités à gérer un chaos croissant, avec une population constamment exposée à la violence.
Les populations locales, surtout les agriculteurs, sont particulièrement vulnérables. Leur survie dépend de la terre, et la peur des attaques les pousse à abandonner leurs champs, aggravant une crise alimentaire qui touche la région. De nombreux habitants rapportent une intensification des violences depuis fin 2024, ce qui démontre l’urgence d’une intervention adéquate des autorités.

Appels à l’action : Vers une réponse gouvernementale
Face à cette situation alarmante, la société civile de Moba appelle à une intervention immédiate des autorités provinciales et nationales. Taabu Pesa Léon, représentant de la société civile, a plaidé pour un rétablissement de l’ordre afin de permettre aux habitants de reprendre leurs activités agricoles. Les exactions commises par la milice de Mukabila ont des conséquences dévastatrices sur la vie quotidienne, rendant impossible l’agriculture en toute sécurité.
Il est impératif que les autorités agissent rapidement pour restaurer la confiance de la population. Cela nécessitera non seulement une réponse sécuritaire, mais également des initiatives de développement visant à satisfaire les besoins essentiels des habitants. La mise en place de programmes de soutien aux agriculteurs et la réhabilitation des infrastructures sont vitales pour redonner espoir aux communautés affectées par cette violence.
La situation à Moba soulève des questions cruciales sur la gouvernance et la sécurité dans les zones en proie à des conflits armés. Comment les autorités peuvent-elles assurer la sécurité des civils face à des groupes armés de plus en plus puissants ? Quelles mesures doivent être prises pour éviter de futures escalades de violence ? Ces interrogations méritent une attention particulière car elles touchent directement à la stabilité et à la paix dans cette région déjà éprouvée.


